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COP 26 : La difficile quête d’un compromis avec un secteur qui pèse 6117 milliards $ sur les bourses du monde

 Le monde attend de grandes retombées de la COP 26. Mais des questions qui semblent être des détails rappellent la totalité des défis à surmonter pour trouver rapidement des solutions dans le sens suggéré par les alertes des scientifiques.

A Glasgow, en Ecosse, se joue une version particulière de l’adage « l’arbre qui cache la forêt ». Les annonces se succèdent, mais de nombreuses zones d’ombre ne font pas l’objet de grosses discussions publiques. Selon des données de marchés collectées par l’Agence Ecofin, au 3 novembre 2021, la valeur boursière globale de 1768 sociétés énergétiques identifiées par Capital IQ est de 6117 milliards $.

Le top 10 de ces sociétés a pour principale activité, l’exploitation des produits d’hydrocarbures. Au-delà des capitaux publics notamment pour ce qui est de Saudi Aramco, ces entreprises comptent parmi leurs actionnaires de nombreux investisseurs institutionnels qui gèrent des fonds de pension bénéficiant à des individus.

Un autre indicateur provient du Fonds monétaire international (FMI). L’institution de Bretton Woods a estimé qu’en 2020, les subventions publiques dans ce segment, qu’elles soient implicites ou explicites, ont atteint l’équivalent de 5855 millions $. Ce chiffre montre l’importance que les gouvernements du monde accordent au secteur de l’énergie, notamment celui issu de l’extraction des fossiles jugées polluantes, comme le pétrole et ses dérivés, ou encore le charbon.

Le rapport met aussi en évidence le fait que ce sont les pays les plus riches, dont la voix des dirigeants porte le plus dans les négociations de la COP 26 qui sont aussi ceux qui subventionnent le plus. Avec une affectation budgétaire qui a atteint les 2187, la Chine est le pays qui subventionne le plus les énergies fossiles. Mais l’élément sous-jacent qu’on oublie souvent d’évoquer, c’est que l’énergie en Chine fait tourner la grande industrie, dont l’utilité pour le monde se fait encore ressentir au cours de cette année de croissance post-covid-19.

Un autre élément d’arbitrage est celui de l’exposition du secteur financier aux énergies fossiles. Selon les données récentes publiées par l’ONG BankTrack, depuis l’accord de Paris, les 60 plus larges banques au monde ont financé des projets de carburants fossiles pour près de 3800 milliards $.

Le dernier point est celui de la protection des forêts. Un accord a été annoncé pour la création prochaine d’un fonds de 1,5 milliard $ pour la préservation du bassin du Congo. Ce montant est encourageant. Mais il n’est pas certain qu’il suffira à compenser l’apport de cette forêt qui, selon certaines estimations, capte une part équivalente à plus de la moitié des émissions de carbone du fait des voitures dans le monde. Aussi, il n’est pas clair si ce montant prend en compte le fait que pour accéder à l’énergie, des centaines de millions d’Africains font recours au bois de chauffe, ou abattent des arbres pour fertiliser les terres.

Dans cette forêt d’arbitrage s’est élevée une voix singulière, celle du secrétaire général des Nations unies. « Nous sommes en train de creuser notre propre tombe », a prévenu António Guterres, dans son intervention au deuxième jour de la Conférence. « La COP26 ne sera pas et ne peut pas être la fin de l’histoire du changement climatique », a-t-il ajouté, soulignant que le travail ne s’arrêtera pas, même si la conférence se termine avec les engagements nécessaires.

(AGENCE ECOFIN)

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