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Concrétisation engagements 6e sommet UE-UA : Charles Michel prône la mise en place d’un mécanisme de suivi

La mise en place d’un mécanisme de suivi et de monitoring, afin de veiller sur les engagements pris lors du 6e Sommet Union européenne (UE)-Union africaine (UA) de Bruxelles clôturé hier, reste primordiale pour éviter les scénarii du passé et donner une nouvelle ère à leurs relations. C’est ce qu’a préconisé, hier, le président du Conseil européen, Charles Michel, lors de son intervention.

Les différents Sommets entre l’Union européenne et l’Afrique tenus jusqu’ici n’ont pas permis au continent africain d’atteindre certains objectifs clés pour un développement socio-économique. Cela a été d’ailleurs rappelé jeudi, lors de la cérémonie d’ouverture du 6e Sommet de Bruxelles aussi bien par le chef d’Etat sénégalais Macky Sall, par ailleurs Président de l’UA, et le président de la Commission de l’UA, Moussa Faki Mahamat, lors de leurs interventions. ‘’Nous avons la conviction que dans le passé, il est arrivé que les intentions soient fortes, généreuses, parfois même extrêmement ambitieuses, mais que les résultats ne soient pas toujours à la hauteur de nos ambitions.

D’où l’importance en termes de gouvernance commune et conjointe de mettre en place un mécanisme de suivi, de monitoring, afin de veiller au départ de nos deux commissions, mais également du leadership politique UE-UA, avec la mobilisation des acteurs du secteur privé, de la société civile, de la fondation Afrique-Europe. Qu’il y ait à un rythme régulier de la capacité de faire le point, de voir quels sont les projets qui avancent bien, ceux qui se concrétisent conformément au planning qui a été adopté, quels sont ceux pour lesquels de nouvelles impulsions, adaptions, améliorations sont nécessaires’’, fait savoir le président du Conseil européen lors de son allocution hier, à l’occasion d’une table ronde tenue à la cérémonie de clôture du sommet.

D’après Charles Michel, cette table ronde visait à évoquer les différents thèmes, y compris parfois des sujets ‘’complexes, difficiles’’ qui nécessitent de la nuance, de l’ambition et du leadership. ‘’Cette table ronde a été l’occasion de dessiner ensemble les fondations d’un partenariat renouvelé. Au départ, il y a quelques principes essentiels du respect mutuel, la volonté de définir des objectifs communs et d’agir ensemble à chaque fois que l’on ressent qu’il y a une valeur ajoutée à cette action conjointe. C’est ce que j’ai envie d’appeler l’intelligence collective africaine et européenne en action. C’est aussi l’occasion de faire le point sur des sujets très concrets. C’est le cas dans le domaine de la santé. Nous avons parlé de la manière d’être pragmatique, efficace, de mettre en œuvre les capacités de développement et de production de vaccins sur le continent africain’’, poursuit-il.

Le président du Conseil européen a souligné qu’ils ont aussi évoqué, durant ce rendez-vous diplomatique, le suivi des engagements qu’ils ont pris il y a quelques mois à Paris, lors de la Conférence pour le financement du développement en Afrique. Une ‘’occasion d’intégrer que les Droits de tirage spéciaux (DTS) devaient être un levier que l’on devait tenter de mobiliser pour participer à ce financement du développement. Des progrès ont été réalisés depuis Paris, en mobilisant le G7, le G20.  Mais cela n’est pas suffisant. Il faut poursuivre ces efforts et se mobiliser autour des projets qui correspondent aux priorités africaines, afin de soutenir le développement, l’innovation, la prospérité dans le domaine climatique, du numérique, des infrastructures’’, dit Charles Michel.

550 millions d’euros destinés à Afrique Exim Bank pour l’achat de vaccins

La responsabilité de la partie européenne dans ce partenariat, renchérit Emmanuel Macron, c’est de savoir préparer d’ores et déjà l’avenir, de travailler sur les autres pandémies, virus, mais également sur des sujets de santé publique comme le cancer. ‘’C’est un point sur lequel notre aide va être concentrée. Nous avons mis en place une initiative avec la BEI et l’Allemagne pour mettre en place un paquet d’investissements qui pourra atteindre 550 millions d’euros destinés à Afrique Exim Bank qui permettra au cadre d’achat de vaccins africain d’intervenir en pleine souveraineté. En termes de croissance, nous avons aujourd’hui à faire face ensemble à un défi immense en Afrique qui est la sortie de l’épidémie Covid, alors qu’il y a une jeunesse qu’il faut former et qui arrive sur le marché du travail, et le défi de la transition environnementale’’, informe M. Macron.

En matière de financement des économies africaines, le président français a reconnu qu’ils ont un travail à finaliser. ‘’Mais pour confirmer l’engagement de réallouer les allocations de DTS autour de 20 % ; les pays vont utiliser des mécanismes différents. Certains vont réallouer leurs DTS, d’autres vont les donner sous forme de prêts. Mais nous allons arriver à cet objectif. Pour des infrastructures durables, l’UE est très engagée. Elle a vocation à devenir et veut être le partenaire de référence de l’Afrique. Pour le faire de manière exemplaire en termes de transition climatique, industriel, de qualité, de qualité des financements et de leur soutenabilité. Il y a plusieurs projets qui ont été identifiés, des corridors spécifiques en accord avec l’UA. Nous sommes arrivés à un accord pour que l’UE finance la transition énergétique en Afrique’’, indique le président Macron.

Dans ce choc d’investissement des économies africaines, il estime que l’UE doit accompagner l’Afrique sur son modèle agricole, d’où l’importance, pour eux, de la Grande muraille verte qui est une initiative panafricaine qui a été réactivée en janvier 2021 et pour laquelle ils ont mobilisé plus de 13 milliards de dollars de financements internationaux. ‘’L’Europe y est très engagée. Il y a aussi toutes les initiatives d’entreprenariats africaines. En termes d’infrastructures et de développement économique, je voudrais insister sur la constellation euro-africaine. Pour la formation, l’éducation, la migration, j’approuve l’idée de création de centres de formation africains. Nous avons acté de financer des centres de formation pour former aux métiers qui correspondent à ces besoins de développement économique’’, soutient-il.

Un sommet ‘’innovant’’, pour Macky Sall

Malgré les challenges qui attendent les deux parties dans la mise en œuvre de leurs engagements, le président de l’UA trouve que ce sommet a été ‘’innovant’’ par son processus préparatoire, consultatif, depuis plusieurs mois, avec le président Macron et les deux commissions. ‘’Cela nous a permis, en amont, d’identifier nos priorités communes et de parvenir à des engagements concertés. Nous avons maintenant une occasion historique de poser, par les actes, les fondements du nouveau partenariat repensé et rénové que nous voulons bâtir ensemble. Deux impératifs me paraissent nécessaires pour y parvenir. Premièrement, il s’agira de mobiliser les moyens avec l’appui de nos engagements, notamment sur la question de la réallocation des Droits de tirage spéciaux (DTS). Un travail remarquable a été fait et hier encore, nous avons évolué, travaillé avec le Fonds monétaire international (FMI) et tous les partenaires de façon à donner une réalité concrète à cet engagement’’, témoigne Macky Sall.

Pour la production de vaccins en Afrique, le chef de l’Etat sénégalais a soutenu qu’ils ont assisté à une ‘’cérémonie exceptionnelle’’ où la partie européenne essaie de faire un transfert de technologies de l’ARN. Cinq ou six pays africains dont l’Afrique du Sud, le Kenya, l’Egypte, la Tunisie, le Nigeria et le Sénégal ont été choisis comme des hubs. Ils vont bénéficier, dans un premier temps, de ces transferts de technologie, des formations nécessaires, mais aussi de toute la régulation qui doit accompagner un tel processus.

‘’Le seul sujet qui restait était celui lié aux droits de propriété intellectuelle. Là aussi, les conclusions auxquelles nous sommes parvenus, sont encourageantes et doivent nous permettre, d’ici le printemps, dans les mois à venir, d’arriver à un compromis dynamique qui permettra de faire avancer le sujet à ce niveau. Nous saluons l’Initiative européenne pour le financement des infrastructures, Global Gateway. Cela a été pour l’Afrique une enveloppe de 150 milliards d’euros. Si elle est effectivement mobilisée avec les facilités, je pense que cela va constituer une avancée considérable et un pont entre nos deux continents’’, soutient le président Sall.

Pour le patron de l’UA, il faut également créer une ‘’nouvelle atmosphère’’ de travail, ‘’mieux adaptée’’ à la volonté politique qu’ils veulent imprimer à ce partenariat. Il faut également souffler un nouvel état d’esprit aux relations euro-africaines. ‘’C’est ce que j’ai appelé hier (jeudi) un nouveau logiciel relationnel fondé sur une véritable vision de partenariat et non simplement une relation d’aide, pour une croissance et une prospérité partagée. L’Europe et l’Afrique ont chacune des ressources indispensables à l’autre. Donc, il est de notre intérêt commun d’associer nos moyens et d’en tirer les avantages sur une base mutuellement bénéfique. Il me semble important que les jeunes et les femmes restent au cœur de notre agenda. Je voudrais appeler à la mobilisation générale, en soutien à la campagne ‘Rise of Hope’, les Rayons de l’espoir. Une initiative de l’Agence internationale de l’énergie atomique pour la lutte contre le cancer, notamment chez les femmes. Dans la moitié des pays africains, il n’y a pas de radiothérapie et ce projet vise à doter tous ces pays de radiothérapie pour lutter efficacement contre le cancer’’, conclut-il.

(ENQUETE)

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