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Blocage de l’accès aux réseaux sociaux par l’Etat : Les séquelles du sevrage

Mesure de riposte prise par l’Etat pour faire face aux violentes manifestations que traverse le pays, la suspension des réseaux sociaux a fini de plonger les populations dans un sevrage forcé aux séquelles insoupçonnées. Reportage du quotidien Bes Bi …

Guédiawaye dans l’après-midi…

Comme victime de troubles d’un stress post-traumatique, Maïmouna Diouf, recluse dans sa chambre depuis le matin, vient de s’arracher de son lit. L’allure morose, le visage anxieux, elle traine les pas jusqu’au salon, jette son téléphone sur le fauteuil, puis se dirige vers le balcon.

Sans même s’y attarder, la dame s’empresse de regagner le salon, s’empare de la commande. Lasse de zapper, Maïmouna reprend son téléphone avant de le redéposer au bout de quelques secondes.

«Si seulement on ne leur pardonne pas cet acte, le mauvais sort risque de s’abattre sur eux. Parce que c’est à un véritable supplice qu’ils nous ont fait subir. Comment peuvent-ils faire ça ? Je suis sûre qu’il y a des tonnes de messages qui m’attendent et que je ne peux pas voir», s’alarme-t-elle.

Mère de famille, venue gagner sa vie à Dakar, cette déprime lui a été infligée par la suspension des réseaux sociaux comme WhatsApp où elle restait scotchée à longueur de journée. Les nouvelles de son village, l’état quotidien de ses deux gamins qu’elle épiait à travers des messages, photos et vidéos qui lui parvenaient depuis le Saloum ont cessé net.

«J’ai dépensé finalement le reste de mes économies sur l’achat de crédit téléphonique. Rien que pour savoir ce qui se passe chez moi. Mais en réalité, cela ne satisfait aucunement ma soif de communiquer avec les miens. On m’a parlé de l’application Vpn comme alternative face aux restrictions de l’accès aux réseaux sociaux. Mais là aussi, rien ne passe avec mon téléphone», s’apitoie Maïmouna.

Pénurie de la drogue Tik Tok

Pour Halima Ba, accro à la plateforme Tik Tok, c’est comme si le temps est devenu figé. Dans l’angoisse, ses habitudes bousculées, la suspension de l’accès aux réseaux sociaux a rendu sa vie insipide comme un addict de la drogue.

«De temps en temps, j’arrive à y accéder. Je publie quelques photos de moi puis j’attends leur téléchargement. Mais avec une lenteur décourageante. Et le pire, c’est le fait que parmi les centaines de follo­wers qui suivaient mes vidéos, je n’en vois que 3 à 4. Certainement nous sommes tous confrontés au même problème», constate l’internaute d’un ton dépité.

Dans les cosmétiques et autres produits à usage féminin qu’elle écoule par le commerce en ligne, Binta Diop vit un drame économique que lui a imposé la spirale de violence que traverse le pays. La quarantaine, bourrée de charges familiales après son divorce, le blocage du flux de données des réseaux sociaux a suspendu ses gains commerciaux.

«Sur Tik Tok, mes statuts WhatsApp et Facebook, lorsque je publiais les nouveaux arrivages de mes produits, les commandes s’enchainaient en quelques minutes. Me voilà maintenant assise sans voir aucune réaction de mes clients depuis mon dernier post d’hier nuit. Alors qu’auparavant, à pareille heure, je me retrouvais déjà avec, au moins, 10 000 FCFA de bénéfice», a dit la commerçante.

Bes Bi

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