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Bassin de l’Anambé : Une meilleure maîtrise des eaux devrait contribuer à intensifier la culture du riz (expert)

Une meilleure maîtrise des fuites d’eau du barrage du Confluent qui alimente le bassin de l’Anambé, permettrait d’irriguer au moins 600 hectares et réorienter vers un secteur porteur les jeunes de cette partie du département de Vélingara, non loin de la Guinée-Bissau voisine, souligne le géographe Aliou Baldé.

M. Baldé, enseignant à l’université de Ziguinchor et maire de Kandiaye, commune abritant les barrages de Niandouba et du Confluent, situés à une trentaine de kilomètre de Vélingara, fait état de fuites d’eau émanant de la dernière infrastructure vers la Guinée Bissau voisine.

“Si c’est en hivernage, ces pertes seulement peuvent alimenter 600 hectares”, équivalant au total la surface devant être affecté à 600 jeunes, en partant des calculs selon lesquels dans cette zone, “le plus souvent un jeune ne cultive pas en moyenne plus d’un hectare”, a-t-il indiqué dans un entretien avec l’APS.

“Donc, 600 hectares, c’est l’équivalent de 600 emplois, en raison d’un hectare pour un jeune”, note Aliou Baldé auteur d’un livre consacré à la mise en valeur des aménagements hydro-agricoles du bassin de l’Anambé.

Il s’exprimait lors d’une visite guidée des barrages de Niandouba et du Confluent, dans le département de Vélingara.

Selon lui, rien que ces fuites d’eau du barrage du Confluent vers la Guinée Bissau, sans parler des eaux stockées dans ce même barrage ni même du volume d’eau disponible dans le barrage de Niandouba, amènent à considérer que “ces ouvrages sont hyper sous exploités”.

“Le besoin de la consommation est là, mais la production est extrêmement faible, alors qu’il y a de l’eau, les terres, les producteurs sont là. Cela est une perte et le Sénégal continue à importer du riz, malgré, les efforts que le président de la République est en train de faire’’, même s’il y a “une forte baisse de ces importations”, a ajouté M. Baldé.

Or, fait-il valoir, les populations installées le long du bassin de l’Anambé, essentiellement des agriculteurs, “connaissent très bien” la culture du riz, une activité qu’elles pratiquent selon lui depuis leur bas âge.

“La culture du riz, c’est à la limite même une civilisation ici. Nous avons des terres qui s’adaptent à la culture du riz. Je pense qu’il nous faut une réorganisation du travail”, a poursuivi l’universitaire.

Il a rappelé que le barrage du Confluent et celui de Niandouba disposent d’environ 150 millions de m3 d’eau qui peuvent servir dans le cadre des objectifs visant à renforcer la production de riz, en misant sur les terres irrigables.

“La construction de ces ouvrages structurants, au-delà de la production du riz, devait permettre d’offrir des possibilités aux populations locales d’exploiter les terres et de réduire les mouvements migratoires à la recherche de travail. Ces barrages ont été réalisés, pour permettre un réel développement socio-économique de ces zones couverts (départements de Kolda et Vélingara)”, a soutenu l’expert, jugeant que jusque-là, “les résultats sont vraiment décevants”.

“A un moment, le périmètre n’était pas équipé, mais présentement, depuis 2013, le bassin a été équipé progressivement. Il y a du matériel lourd. Le problème fondamental, je ne suis pas en train de critiquer, mais je pense qu’il y a un problème de management”, a-t-il souligné.

Il a indiqué que le bassin de l’Anambé se trouve dans l’une des zones “les plus propices” à la culture du riz au Sénégal, avec une pluviométrie “favorable et des terres adaptées parfaitement” à la culture de cette denrée alimentaire.

“Dans la zone, la population active ou potentiellement active est importante. Du point de vue pédologique, nous avons différents types de sol. Ce sont des types de sols qui s’adaptent en toute saison à la culture du riz. Toutes les conditions sont réunies pour exploiter le bassin de l’Anambé. Il faut juste une bonne organisation du travail”, a-t-il insisté.

Il précise que le barrage de Niandouba est un ouvrage de régulation de débit, lorsqu’il n’y a pas suffisamment d’eau au niveau du barrage du Confluent pour alimenter les périmètres irrigués.

“L’eau est stockée en amont, et si le besoin se fait sentir, on ouvre le barrage de Niandouba pour alimenter le bassin”, a-t-il expliqué.

“Combien de fois a-t-on ouvert ce barrage ?”, s’est-il demandé, avant de conclure : “C’est qu’on n’a jamais pratiquement ouvert ce barrage pour alimenter le périmètre en contre-saison. Cela signifie qu’on n’a pas cultivé au point qu’on ait besoin d’ouvrir ce barrage. Donc, ce barrage est en quelque sorte sous utilisé. Et cela impacte le mouvement migratoire. Ça intensifie ce mouvement migratoire”.

(APS)

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