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Amath Soumaré, Président du Cane sur le New Deal de la France en Afrique : «Ces 100 milliards de dollars, c’est pour amuser la galerie»

Les Droits de tirage spéciaux (Dts) du FMI pour le financement des économies africaines, durablement frappées par le Covid-19, avec un objectif de 100 milliards, ne sont que du leurre. De l’avis du président du Centre Africain de la Nouvelle Economie (Cane), Amath Soumaré, invité à l’émission Objection de Sud Fm hier, dimanche 23 mai, les puissances occidentales, et plus particulièrement la France, ne chercheraient qu’à endormir les Africains pour protéger leurs propres intérêts en Afrique.

Que les Africains se le tiennent pour dit : le sommet organisé par la France, le mardi 18 mai 2021, au Grand Palais Ephémère, à Paris (7e arrondissement), pour le financement des économies africaines, n’est pas fortuit et ne viserait pas à sortir les pays africains de l’asphyxie financière causée par la pandémie de la Covid-19, comme certains voudraient le faire croire. Il y a un «New deal» sur le dos des Africains dans le but de protéger les investissements étrangers en Afrique. C’est en substance ce qu’a indiqué le président du Centre Africain de la Nouvelle Economie (Kane).

Invité à l’émission Objection de Sud Fm hier, dimanche 23 mai, Amath Soumaré révèle que «ces 100 milliards, c’est pour amuser la galerie». En effet, très sceptique par rapport aux Droits de tirage spéciaux (Dts) accordés à l’Afrique (33 milliards sur les 683 milliards de Dts global, soit 5%), avec pour objectif d’atteindre 100 milliards de dollars, M. Soumaré pense qu’en réalité, cette somme ne représente absolument rien par rapport aux besoins de l’Afrique estimés à 300 milliards de dollars, d’ici 2025. Qui plus est, il explique que ces Dts devraient servir, non pas à des investissements pour le développement, comme la construction d’infrastructures, mais plutôt de l’argent virtuel pour payer des transactions commerciales.

En effet, ces instruments de change ne sont pas une monnaie. C’est un instrument qui alimente les balances des paiements, qui facilitent les importations des pays. Il permet d’acheter les équipements médicaux par exemple. Donc, à faire peser davantage la dette extérieure de l’Afrique.

L’objectif visé donc, à son avis, par les puissances occidentales, et plus particulièrement la France, initiatrice dudit sommet, serait tout autre. «Toute cette volonté n’est pas anodine, parce qu’ils ont investi tout leur argent en Afrique. Ils ont émis tout ce qui peut leur rapporter en Afrique. Si l’Afrique périclite, leur business périclite. Ils sont en train de sauvegarder leurs intérêts», indique le fondateur et Pdg de KEYWORDS Technologies et de SOPEL International, le premier Think Thank africain chargé des grandes réflexions relatives à l’intelligence économique et aux technologies de l’information dans le développement. Comme raisons avancées, il explique que la France, à l’image des grandes puissances, présente un déficit budgétaire de plus de 120 par rapport au PIB, dans ce contexte de Covid19.

L’économiste pense, par conséquent, que ce fameux Dts n’est en réalité que du leurre et de la diversion. Cela, d’autant plus que ce Dts a été servi au moment où la question de l’annulation de la dette, fortement posée par le président sénégalais, Macky Sall et certains de ses pairs, tarde à trouver une réponse adéquate. Sur ce point, le FMI parle pour le moment de moratoire à accorder aux pays à faible revenu.

A noter, par ailleurs que l’Afrique toute entière n’a que 5%, soit 33 milliards de Dts, pendant que les Etats unis, à forte capacité commerciale, bénéficie de 40%, la Chine 8%. La France promet de mettre sa part dans les 33 milliards dont doit bénéficier l’Afrique, et invite les autres puissances à faire autant pour atteindre les 100 milliards.

(SUDQUOTIDIEN)

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