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Agriculture-Coton : le bilan d’étape de la relance de la société « CotonChad » jugé excellent

Rachetée en 2018 à hauteur de 60% de son capital par la société multinationale Singapourienne Olam, spécialisée en agronomie, pour un montant de de 9 milliards de Francs CFA (14 millions d’euros), l’ex-société publique CotonChad a connu un regain d’activité très important. En quasi-cessation d’activité en 2018, elle menaçait la pérennité de l’ensemble de la filière Coton du Tchad.

Renflouement et relance réussis

En 2018 l’endettement très important de la société CotonChad -qui fournit engrais, semences et outils aux producteurs- avait entrainé une baisse préoccupante de la production de coton.

Si la filière n’a plus le poids qu’elle détenait par le passé dans le PIB du pays, du fait de la place croissante prise par la production de pétrole, elle contribue à faire vivre un tissu de plusieurs millions de petits producteurs.

Si en 2017 les surface cultivées représentaient 118 533 hectares pour une production 16 353 tonnes de graines et 6 679 tonnes de fibres, le non-paiement des arriérés aux paysans, les dettes dues aux transporteurs et aux fournisseurs avaient entrainés en 2018 une chute des surfaces plantées à 60 092 ha même si les rendements dus à l’année précédente connaissaient une légère hausse pour 17 378 t de graines et 7113 t de fibres.

Face à la menace d’effondrement de la filière, les financements d’Olam permettent alors d’entreprendre une politique volontaire d’assainissement des finances de CotonChad, une amélioration de la gouvernance de l’entreprise et la formation des paysans/producteurs. Ainsi, sur le plan des finances, les capitaux d’Olam permettent les paiements des arriérés dus aux paysans depuis 2016, le remboursement de 33% de la dette due aux transporteurs et l’effacement des découverts bancaires.

En outre Olam entreprend la refonte de la gouvernance financière de la CotonChad et de ses relations-fournisseurs. La filière s’étend conséquemment fragilisée, les financements d’Olam permettent à CotonChad de se resolidifier sur sa base en remobilisant les producteurs.

Dans cette optique, Olam commence une série de mesures destinées à former les paysans qui vise à les autonomiser et leur réinculquer les bonnes pratiques agricoles. Par ailleurs, les nouveaux moyens de la CotonChad lui permettent de solidifier le volet institutionnel de la filière via la redynamisation de l’Union Nationale des Producteurs et une meilleure cartographie de son écosystème productif qui permet de mieux cibler les besoins de services de la compagnie.

Par ailleurs, les financements d’Olam permettent en 2019 l’importation de 8100 tonnes de semences et l’achat de 3 millions de doses d’insecticides, le tout accompagné de dons de matériels ainsi que de recrutements d’ingénieurs. De cette manière CotonChad parvient en 2019 à inverser la tendance de la filière de manière spectaculaire.

C’est ainsi que les surfaces cultivées atteignent cette année-là 288 540ha, soit plus du double de 2017 pour une production 173 000 t de graines et 71 000 t de fibres. Ce sont des chiffres qui avoisinent les optimums qu’atteignait la filière à la fin des années 1970 avant la décroissance de la décennie 1980. Des résultats qui seront probablement incrémentés à court terme par des investissements de création d’Olam, à hauteur de 7 milliards de francs CFA, destinés à réhabiliter les capacités de dégrainage et d’huilerie de CotonChad.

Des perspectives de croissances historiques

La privatisation de CotonChad, ayant donc permis en 2019 un afflux important de capitaux et une refonte globale de sa gouvernance, lui ouvre la voie vers une multiplication de sa production.

La société vise d’ici deux ans 400 000 ha d’espaces cultivés pour une production de 280 000 t de graines. Un chiffre sans précédent dans l’histoire de cette filière stratégique pour le Tchad dont le maximum historique de production fut brièvement atteint à la fin des années 1990 avec 386 300 ha cultivés pour une production de 263 475 tonnes de graines.

Afin d’atteindre cet objectif la société met en chantier plusieurs projets dont la réhabilitation des usines de délitage chimique et d’égrenage dans la ville de Gaya. Par ailleurs le financement des équipements s’accompagnera du développement des fonctions supports de la filière telle la dynamisation de l’ITRAD et du CITRAD afin relancer la recherche agronomique.

Il est également prévu de financer des travaux infrastructurels telle la réhabilitation des 4608 km de pistes villageoises afin d’optimiser les flux agricoles ou bien le raccordement du site industriel de CotonChad au réseau gazier du pays. Outre les emplois indirects fournis, ces travaux visent également à permettre le désenclavement des zones Sud et Est du Tchad. C’est un des enjeux majeurs à l’origine de la privatisation de CotonChad qui tendent à dépasser indirectement les seuls intérêts de la compagnie.

En définitive si la privatisation de CotonChad a permis de sauver filière coton, le ruissellement des investissements permet au Tchad de favoriser sa croissance par la création d’emplois paysans et industriels mais aussi publiques via les travaux d’infrastructures. Commercialement stratégique la filière coton est aussi la source de revenus de millions d’individus dont la situation est stabilisée renforçant de facto la stabilité sociale. Toutefois, il reste encore de nombreux chantiers dont le règlement de la dette de 12,3 milliards de francs CFA aux fournisseurs de CotonChad et le maintien des bonnes relations avec l’état. Ces dernières s’étant déjà affermies courant 2019 via l’acceptation de l’état tchadien de reprendre le passif de la compagnie d’un montant de 35 milliards de Franc CFA.

Ecofin

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