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Afrique : 28 ans après.. Il était une fois la dévaluation du Franc CFA

Nous sommes le 12 janvier 1994, à Dakar, dans un hôtel de la place, le gouvernement d’Edouard Balladur décide de dévaluer de moitié le Franc CFA. Le ministre Camerounais des finances, Antoine Ntsimi, est mandaté par le président Paul Biya, pour annoncer aux quatorze pays de la Zone franc, que leur monnaie commune, le CFA, vient d’être dévaluée à 50%. Une mesure que bon nombre d’économistes trouvent unilatérale. Plusieurs chefs d’Etats et de gouvernement étaient présents à cette rencontre. Pour s’assurer du bon déroulement des opérations, la France s’est fait représenter par Michel Roussin, son ministre de la Coopération. A ses côtés, Michel Camdessus, le directeur général du Fonds monétaire international(FMI).

28 ans après, où en est-on en ce qui concerne la réalisation des objectifs affichés à l’époque ? Michel Roussin déclarait que « les économies de la zone se trouvaient dans l’impasse et qu’il leur fallait dévaluer pour restaurer leur compétitivité et améliorer le niveau de vie des populations ». Ainsi, les principaux objectifs de la dévaluation du CFA étaient l’amélioration de la compétitivité par la modification des prix, le retour aux grands équilibres macroéconomiques par la réduction des déficits budgétaires et ceux de la balance de paiement, l’amélioration des conditions de vie des populations à travers la résorption du chômage, entre autres. De nombreuses voix unanimes ont salué le rebond de l’économie au cours des années suivant la dévaluation. « Les premières années qui ont suivi la dévaluation ont permis à la majorité des économies de la sous-région de retrouver un nouveau souffle », pense M. Diouf, économiste. Selon l’ancien directeur Afrique du FMI, M. Abdoulaye Bio-tchané, les retombées ont été globalement positives. « Quand des pays atteignent pendant plusieurs années des taux de croissance de plus de 5%, il est évident que la pauvreté recule », soutenait-il lors d’une de ses sorties.

Des effets de la dévaluation sur l’économie en général, et sur le commerce extérieur en particulier étaient attendus. Elle devrait conduire à un accroissement de la productivité et de la compétitivité. Le réalignement monétaire permettrait un transfert de ressources des secteurs les moins orientés vers la croissance. Le secteur agricole pourrait être le grand bénéficiaire de cette dévaluation. D’un point de vue national, des mesures d’accompagnement ont été prises par les gouvernants. La maîtrise de l’inflation a été mise en œuvre, avec une compression des revenus des salariés, et un contrôle rigoureux du prix des denrées essentielles. « La dette intérieure des Etats vis-à-vis des entreprises a été partiellement épongée et des aides leur ont été fournies pour faire face au doublement des coûts des matériels importés », reconnaît M. Diouf.

Plusieurs économistes de l’Afrique de l’Ouest et du Centre, ont balayé d’un revers de main les effets positifs de la dévaluation. « Dévaluer de 50%, c’est enlever à la monnaie la moitié de sa valeur, ce qui provoque nécessairement un doublement des prix des produits importés », a analysé Sanou Mbaye, ancien fonctionnaire de la Banque Africaine de Développement dans son article « l’Afrique par le marché mondial ». « Depuis la dévaluation de 1994, on a continué d’ôter aux pays africains la petite illusion de souveraineté qui leur restait encore », déplore M. Demba Moussa Dembélé, économiste, chercheur et président de l’Africaine de Recherche et de Coopération pour l’appui au Développement (ARCADE). À les en croire, les performances économiques de la Zone franc ne sont parvenues à rien. L’avantage créé par la dévaluation n’a pas été transformé en action de développement. Les pays concernés n’ont pas su attirer les investissements étrangers, car ils n’inspirent pas confiance.

En 1994, la dévaluation sur l’économie en général, et sur le commerce extérieur en particulier était attendue. Elle devait conduire à un accroissement de la productivité et de la compétitivité. Le réalignement monétaire permettrait un transfert de ressources des secteurs les moins orientés vers la croissance. Le secteur agricole pourrait être le grand bénéficiaire de cette dévaluation. D’un point de vue national, des mesures d’accompagnement ont été prises par les gouvernants. La maîtrise de l’inflation a été mise en œuvre, avec une compression des revenus des salariés, et un contrôle rigoureux du prix des denrées essentielles. « La dette intérieure des Etats vis-à-vis des entreprises a été partiellement épongée et des aides leur ont été fournies pour faire face au doublement des coûts des matériels importés », reconnaît M. Diouf. Abdoul Aziz Mbaye, jeune économiste à la faculté des sciences économiques et de gestion (Faseg), n’était pas encore né lors de cette dévaluation, mais il en a fait son sujet de recherche. « D’après mes recherches, je me suis rendu compte que la dévaluation était juste de l’arnaque, une façon d’avoir la mainmise sur notre économie. Dans les années 90, le problème des économies africaines était plutôt structurel et non monétaire », martèle Aziz.

(EMEDIA)

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