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1er mai 2020, Fête du Travail… et des trouvailles!

Dans le langage courant, le mot “trouvaille” a quelque chose de péjoratif. La plupart du temps, nous l’utilisons pour tourner en dérision une idée, une proposition ou une solution jugée peu crédible voire fantaisiste. Pourtant, dans plusieurs dictionnaires, “trouvaille” fait référence à une “découverte heureuse”. Si l’on s’en tient à une telle définition, il est permis de souhaiter que cette année, la Fête du Travail soit aussi celle des trouvailles.

Au Sénégal, ce 1er mai 2020 sera comme aucun autre auparavant. Les traditionnelles parades, à la fois gaies et guerrières, et la cérémonie de remise des cahiers de doléances, au palais de la République, n’auront pas lieu. Toutefois, pour marquer l’évènement, certains syndicats ont opté pour une célébration, en ligne, sur les réseaux sociaux.

Au Sénégal, comme dans plusieurs autres pays africains, les travailleurs du secteur informel sont largement majoritaires. Selon l’enquête régionale intégrée sur l’emploi et le secteur informel (ERI-ESI) de l’Agence nationale de la Statistique et de la Démographie (ANSD), publiée en 2019, ils représentent 96% des personnes actives. Mais, contrairement à leurs collègues du secteur formel, ils ne bénéficient ni de la sécurité sociale ni des assurances maladie et retraite.

Au moment où États, gouvernements et employeurs, des secteurs public et privé, notamment, sont appelés à se creuser les méninges pour sauver des millions d’emplois à travers le monde, mes pensées vont également aux centaines de milliers de Sénégalais (dont 45% sont des femmes) évoluant dans l’informel. Bien que la majorité ne paie ni taxes ni impôts, ces derniers ne devraient pas être les oubliés de la crise.

Depuis l’instauration de l’état d’urgence, du couvre-feu et d’une batterie de mesures sanitaires, beaucoup ne voient même plus le diable pour lui tirer la queue. Déjà privés de couverture sociale et d’autres avantages, propres aux entreprises et organisations légalement constituées, comment peuvent-ils faire face quand les mesures d’accompagnement de l’État sont essentiellement destinées au secteur formel?

Dans un pays qui se veut émergent, tous les travailleurs devraient bénéficier de la même attention et des mêmes droits, dans l’exercice de leur métier, ou devant les tribunaux, en cas de contentieux. Pour y arriver, il faudrait mettre de l’ordre dans plusieurs secteurs d’activités. D’ailleurs, la gouvernance et les finances s’en porteraient sans doute mieux…

La pandémie du Covid-19 est une occasion de remettre les pendules à l’heure. Il va donc falloir faire preuve de courage, de lucidité et avoir beaucoup d’imagination.

Pourvu que cette Fête du Travail soit aussi celle des trouvailles.

Bonne fête à toutes et à tous!

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