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Umoa- Comite de politique monétaire : Les États dans l’opulence, les citoyens dans la nasse

Au début du déclenchement de la crise sanitaire en 2020, la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’ouest a pris un ensemble de mesures pour atténuer l’impact de la pandémie du Covid-19 sur le système bancaire et le financement de l’activité économique dans l’Union. Cependant, l’économie réelle a été négligée et cela se traduit par une accélération de la hausse des prix sur les marchés.

Il ressort d’une récente note de la conjoncture publiée par la Bceao qu’à la fin du mois de novembre 2021, que les réserves libres des banques commerciales actives au sein de l’Union économique monétaire ouest africain (Uemoa) ont atteint 2089,6 milliards de FCFA (3,56 milliards $) au 30 novembre 2021. Cette manne financière représenterait 2,3 fois le niveau des réserves exigés par la régulation dans le secteur.

Chiffrée à environ 1079 milliards de FCFA de réserves libres, la première économie de la sous-région, à savoir la Côte d’Ivoire, engrange les ressources bancaires disponibles les plus importantes. Il sera suivi du Sénégal avec 445 milliards de FCFA, du Burkina-Faso pour 261,3 milliards de FCFA. Les taux respectifs pour les 3 pays sont de 301,2%, 250,4% et de 242,5%.

Selon les chiffres de la banque centrale, l’encours des crédits à l’économie a progressé de 4883,1 milliards de FCFA entre novembre 2020 et la même période en 2021. C’est une progression de 13% sur la période analysée. On note aussi un meilleur équilibre entre les crédits accordés aux administrations publiques centrales et les autres agents économiques. En octobre 2020, les administrations publiques centrales (Apuc) avaient capturé 83% des crédits supplémentaires à l’économie, contre 58% une année plus tard.

Ce qu’on note sur l’analyse de l’activité de crédit depuis 2019, c’est que la progression des prêts bancaires aux Apuc a toujours été plus importante, en comparaison à ceux accordés aux autres agents économiques, notamment le secteur privé productif. On note aussi que les réserves libres des banques de l’Uemoa ont constamment gonflé, passées de 143% de ce qui est requis en 2019, à pratiquement 230% à la fin novembre 2021.

L’hypothèse qui en découle, c’est que la politique accommodante de la Bceao profite au financement des administrations publiques centrales, mais pas assez à l’économie. Cette position se vérifie par l’évolution de l’indice des prix à la consommation (inflation) qui s’est accélérée à 4,9% en fin novembre 2021, avec un impact plus important sur les prix des biens et services locaux. C’est la plus forte progression des prix dans la sous-région depuis octobre 2016, après une baisse continuelle jusqu’en 2019, et une hausse de seulement 3,5% en octobre 2020.

La banque centrale, le 8 décembre 2021, a maintenu le coefficient des réserves obligatoires inchangé à 3%, un taux en vigueur depuis le 16 mars 2017. Un niveau qui rentre en droite ligne avec la politique monétaire visant à permettre aux banques de disposer de plus de ressources, tout d’abord pour financer l’économie et maintenir une certaine stabilité des prix, et plus récemment pour répondre aux besoins des gouvernement en ces moments de Covid-19.

Faible production locale, hausse des coûts du fret maritime : Des facteurs aggravant de la conjoncture   

La conjoncture internationale, matérialisée par la hausse des prix de transport maritime et autres biens, joue certes un rôle sur la hausse des prix, mais il ressort que les secteurs productifs de l’Uemoa n’ont pas assez de ressources pour répondre à la demande. La hausse des prix alimentaires, qui culmine à plus de 19%, est une sanction pour les moins dotées en ressources financières. Or dans le même temps, le secteur agro-pastoral destiné à la consommation qui occupe 60% de la force de travail, ne reçoit pas suffisamment de crédit bancaire.

C’est dans ce contexte que se réunira le prochain Comité de politique monétaire (Cpm) de la Bceao. Il est aujourd’hui évident que la stabilité des prix ne dépend plus seulement de la masse de liquidités présentes dans l’économie, mais aussi et surtout d’une dynamique dans laquelle l’offre n’est pas assez suffisante pour ajuster les prix sur les marchés. Pour le moment, sa politique permet aux Etats de se financer et aux banques de s’enrichir, mais ne soutient pas complètement l’économie réelle, avec pour conséquence l’altération du pouvoir d’achat des ménages.

(SUDQUOTIDIEN)

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