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Sar-Locafrique: Les dessous d’un bras de fer

Au-delà de la chronique quotidienne, des plaintes et complaintes, il se joue l’avenir de Locafrique, de son président aussi, Khadim Ba. Et, bien sûr, celui de la Sar elle-même. Bés Bi a essayé d’en savoir davantage.

Derrière la bataille médiatique, se cachent des enjeux énormes. La Société africaine de raffinage (Sar) traverse une pénible situation. Plusieurs signaux émis ces temps derniers laissent transparaître une délicatesse financière qui inquiète plus qu’elle ne rassure. Déjà les comptes sont au rouge. A commencer par l’exercice de 2020 qui enregistre une perte sèche de plus de 59 milliards. Le capital social de l’entreprise ne bouge pas. Même les réserves sont touchées. Elles s’élèvent aujourd’hui à 14, 7 milliards de francs CFA. Si bien que la Sar, dit-on de sources concordantes, affiche un solde négatif de 53 milliards FCFA. En perdant ainsi plus de la moitié de son avoir qui provient des apports des associés, la société de raffinage se retrouve en-deçà des règles de l’Ohada, le Traité d’harmonisation du droit des affaires dont l’objectif est justement de remédier à « l’insécurité juridique et judiciaire ». A ce stade, il ne reste à l’entreprise d’autre solution que de procéder à ce qu’il est convenu d’appeler une recapitalisation. Les associés, conscients de la dégradation de la position, ajustent la situation en procédant à une augmentation de capital pour sauver les meubles. Délai de rigueur : deux ans après « constat de la situation ».

Un retrait de la recapitalisation dans le pipeline de Locafrique

Bés Bi Le Jour a appris qu’une note dans ce sens a été rédigée et servie aux intéressés. Certains ont réagi. D’autres pas. Ce qui reste constant, c’est que les besoins en capitaux sont évalués à près de 64 milliards FCFA. Pour autant que l’opération envisagée soit salutaire, elle ne règle pas tout de même le déficit chronique du passif. La même note table sur un délai deux ans, c’est à dire en décembre 2023, pour atteindre à nouveau le niveau réglementaire admis au sein de l’Ohada. Seulement voilà : la poursuite des activités de la Sar étant liée à l’augmentation de capital, un des associés, Khadim Ba, jusqu’ici président de Locafrique, détentrice de 34 % des parts, souscrit certes à l’initiative mais émet, contre toute attente, des réserves qui suscitent l’étonnement. Et dans les couloirs de la Sar, un éventuel retrait de Locafrique de la recapitalisation serait dans le pipeline. Ce qui aurait des conséquences aussi sur l’agenda de la recapitalisation puisque les 34% de Khadim Ba constituent, ici, une minorité de blocage.

D’abord, M. Ba s’engage à « exercer son droit préférentiel sur le actions nouvelles ». En clair, il doit libérer 21, 7 milliards FCFA du montant total à souscrire qui est, en guise de rappel, de 64 milliards CFA. Ensuite, dans un courrier adressé, il y a 5 mois au Pca de la Sar, M. Ba subordonne son accord à une clarification. Selon lui, la répartition du montant à souscrire en capital et en compte courant associé dilue les fonds propres, négatifs à hauteur 20 milliards et demi FCFA. Solution ? Le patron de Locafrique, toujours lui, invite l’Assemblée générale extraordinaire des associés à affecter la totalité des 64 milliards à la « souscription d’actions nouvelles ». Pour lui, sa solution est meilleure puisqu’elle est « appropriée » et « vise à restaurer la confiance des partenaires financiers ». En revanche, d’autres sources proches du dossier de la Sar et du litige prévalant au sein de Locafrique confient que la sortie de M. Ba jette un trouble sur sa stratégie. Est-il à court d’arguments pour accepter d’une main ce qu’il rejette de l’autre ? Les mêmes estiment que ce qu’il préconise s’apparente à du « dilatoire pour maquiller une conjoncture qui lui est moins souriante ». Sans compter cette démission-surprise de l’Administrateur de Locafrique, Samuel Sarr en l’occurrence. Un acte révélateur d’un profond malaise au sein de cette entreprise de Khadim Ba.

Khadim a-t-il perdu au profit de son père ?

A cette infortune s’ajoute une autre d’ordre judiciaire, puisque la Chambre commerciale économique et financière de la Cour d’Appel de Dakar a débouté le 9 décembre Khadim Ba de plusieurs requêtes introduites, au profit de son propre père Amadou Ba. Il s’agit entre autres d’une demande d’annulation d’une clause d’agrément relevant des statuts de Carrefour Automobiles SA, d’une cession d’actions de la société FAP Keur Khadim S.A, démarche jugée, elle, « nulle et de nul effet ». Elle confirme plutôt les jugements entrepris qui condamnent Khadim Ba, sa mère, ses frères et sœurs. Le bras de fer prend-il une nouvelle tournure ? Le combat change-t-il de nature avec l’évolution du litige et l’inversion plus que probable des rapports de force ? Les conseils des différents protagonistes aiguisent leurs stratégies d’attaque et de riposte. Tandis que le syndicat majoritaire à la Sar n’exclut pas de réchauffer le front social avec sa part d’explication du touffu et complexe dossier à ramifications multiples.

(BES BI)

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