Résistance aux antimicrobiens : Un plan quinquennal pour faire face à la menace

La Résistance aux antimicrobiens (Ram) est une menace mondiale majeure qui préoccupe de plus en plus la santé humaine et animale. Elle a également des implications à la fois pour la santé publique, la sécurité sanitaire des aliments et la sécurité alimentaire, ainsi que le bien-être économique de millions de ménages d’agriculteurs.

Selon une étude de 2016 de la Commission O’Neill au Royaume-Uni, chaque année, environ 700 mille décès sont liés à la Ram. Cette étude projette également une mortalité annuelle de 10 millions de personnes liée à la Ram en 2050, dont 4,1 millions en Afrique, si des mesures drastiques ne sont pas prises pour lutter contre cette menace.
Face à cet enjeu, l’Organisa­tion mondiale de la santé (Oms) a ratifié en mai 2015, un plan d’actions global pour combattre la Ram, lors de sa 68ème assemblée, intégrant différents volets relatifs à la santé publique vétérinaire confiés conjointement à l’Organisation mondiale de la santé animale (Oie) et l’Organi­sation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (Fao).
Sur cette base, la 39e Conférence de la Fao, tenue en juin 2015, a adopté une Résolution sur la Ram, qui reconnaît qu’elle constitue une menace croissante pour la santé publique et la durabilité de la production alimentaire.
«Très récemment, il est avéré que dans les 30 prochaines années, il faudra produire autant que pendant les 10 millions d’années passées. Et tout cela repose sur la disponibilité de médicaments efficaces et particulièrement des antimicrobiens», a rappelé le représentant de la Fao au Sénégal. Gouan­toueu Robert Guei s’exprimait hier à l’ouverture du Symposium de partage des données et des connaissances sur la Ram.
Dès lors, la Fao avait déjà développé et mis en œuvre, un Plan d’actions contre la Ram pour la période 2015-2020, axé sur la sensibilisation au problème de la Ram et aux menaces connexes, le renforcement de capacités de surveillance et de suivi de la Ram et de l’utilisation des antimicrobiens dans le secteur de l’alimentation et de l’agriculture. S’y ajoutent le renforcement de la gouvernance relative à l’utilisation des antimicrobiens et à la Ram dans le secteur de l’alimentation et de l’agriculture, mais également la promotion de bonnes pratiques au sein des systèmes alimentaires et agricoles ainsi qu’une utilisation prudente des agents antimicrobiens.
«Ce premier Plan d’actions de la Fao soutenant le Plan d’actions mondial pour combattre la Ram, avait souligné l’impérieuse nécessité d’adopter l’approche «Une seule santé», pour juguler cette menace», a indiqué M. Guei.
Au terme de ce premier plan, ajouta-t-il, «un second plan quinquennal vient d’être publié pour la période 2021-2025, centré sur l’innovation et la recherche pour améliorer la résilience des secteurs de l’alimentation et de l’agriculture ainsi que les moyens d’existence et des économies qui en dépendent face aux conséquences de la Ram». Ce nouveau plan axé sur cinq domaines prioritaires permettra de produire, selon le représentant de la Fao, des données factuelles, afin de motiver avec efficacité et cohérence, les décisions et actions dans le combat contre cette menace aux allures de pandémie.
Aussi, le projet de «Renforcement de la gouvernance et de la surveillance de la Ram dans le secteur de l’aviculture commerciale dans les régions de Dakar et de Thiès», financé par le gouvernement d’Angleterre à travers le Fond Fleming, aura permis au Sénégal de bénéficier d’un appui important pour renforcer les indicateurs détection, surveillance et gouvernance de la Ram pour lesquels, le Sénégal s’était vu attribué les scores respectifs de 3/5 pour le premier et 1/5 pour les deux suivants, à l’évaluation externe conjointe de décembre 2016.

(LEQUOTIDIEN)