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Refus de certains pays africains de l’annulation de la dette : L’Iada maintient sa requête et prône un débat d’idées

L’Initiative pour l’annulation de la dette africaine (Iada) lancée en 2020 à Dakar, maintient sa requête, après la sortie, ce week-end, de la directrice du Fonds monétaire international (FMI) Kristina Georgieva et préconise une confrontation d’arguments avec les pays réfractaires. C’est ce qu’a confié Mamadou Mignane Diouf, membre du Comité de l’Iada, lors d’un entretien avec ‘’EnQuête’’.

Malgré la crise économique qui sévit dans le continent avec la pandémie de Covid-19, certains pays africains sont réfractaires à une annulation de la dette. C’est la révélation faite ce week-end par la directrice du Fonds monétaire international (FMI), Kristina Georgieva, lors d’une interview avec France 24.

Interpellé sur la posture de ces pays, Mamadou Mignane Diouf, un des membres du Comité de l’Initiative pour l’annulation de la dette africaine (Iada) indique qu’il voit ‘’très mal’’ un pays africain s’opposer à ce que la dette soit annulée, avec tout ce que cela comporte comme conséquences et risques aujourd’hui. ‘’Mais si le FMI le dit, sans doute, il y a des raisons. Maintenant, il faut qu’il nous dise quels sont ces pays et quels sont leurs arguments. Nous avons demandé une annulation et nous avons donné des arguments. Pour nous, nous ne pouvons pas reporter une économie qui est en déroute avec la pandémie et vouloir satisfaire dans les délais et à jour le service de la dette. Il faut faire un choix et le droit international nous le permet, nous Africains.  Dans un contexte de pandémie, de crise, de guerre et lorsqu’un pays est en guerre, on ne peut pas demander à un pays de payer ses dettes. Le droit international est en faveur des pays africains qui réclament cette annulation. Le contexte l’impose, de même que la situation’’, dit-il dans un entretien avec ‘’EnQuête’’.

Notre interlocuteur souligne tout de même qu’ils sont disposés, en tant qu’initiative, à débattre avec ces pays pour savoir quels sont leurs arguments à discuter avec les techniciens qui ont cette position pour savoir quelles sont leurs motivations. ‘’Nous sommes actuellement en phase de préparer une grande rencontre à Dakar, qui va être une conférence internationale panafricaine pour parler des mécanismes et des moyens qui peuvent permettre que la dette soit annulée. Nous sommes aussi disposés à discuter avec le FMI, la Banque mondiale, parole contre parole ; argument contre argument, pour savoir quelles sont les raisons des uns et des autres. Aujourd’hui, il est plus qu’urgent d’envisager, et dans l’immédiat, une dette totalement annulée’’, poursuit-il.

Cependant, la dette africaine étant composée de celle publique et de celle privée ou commerciale, M. Diouf reconnait que le débat, aujourd’hui, se pose aussi sur la deuxième cité. ‘’On parle souvent de dette publique, mais de plus en plus, certains de nos membres au Nord comme au Sud, dans les pays européens même, disent d’envisager la piste de la dette privée. La situation est suffisamment grave. Depuis qu’on a lancé l’appel en 2020, je ne suis pas au courant d’un pays africain qui a dit non’’, persiste-t-il.

L’endettement n’étant qu’un mécanisme de financement de projets, de programmes, Mamadou Mignane Douf reconnait qu’il reste encore à voir si les Etats africains s’endettent pour des projets et programmes de développement et aussi si c’est dans l’efficacité et l’efficience. ‘’C’est tout ce débat sur la soutenabilité, d’un moratoire, de dérogation, d’annulation qu’il faut discuter lors du forum de Dakar. On va discuter avec les techniciens, les Etats, les économistes, mais aussi les populations et les différents acteurs concernés, les syndicalistes, les acteurs culturels, producteurs, paysans, pêcheurs, collectivités territoriales, institutions parlementaires, Conseil économique, social et environnemental (Cese), etc.’’, explique notre interlocuteur.

Même s’il reconnait qu’il n’est jamais facile de conquérir des droits ou des objectifs, cet acteur du Forum civil signale qu’il faut ‘’se battre argument contre argument et se mobiliser’’. ‘’On ne va pas dire que c’est facile et rester dans des salons feutrés de l’Afrique ou dans des cabinets pour dire que cela va passer. C’est une bataille argumentaire soutenue par une mobilisation citoyenne forte. C’est ce qui doit être fait et c’est pourquoi, au sein de l’initiative, nous disons qu’il nous faut dérouler une campagne internationale et panafricaine qui va mobiliser tous les acteurs, dérouler un discours gouvernemental, diplomatique. Et la jonction de tout cela avec des artistes comme Youssou Ndour qui vont se mobiliser, des créateurs artistiques qui vont peindre ou théâtraliser la question, des arguments scientifiques, politiques, culturelles, littéraires, on va voir ce que cela va donner’’, indique-t-il.

Ainsi, après des conférences en ligne, des concertations diplomatiques avec l’Union africaine, avec des acteurs des institutions régionales et sous-régionales, le comité de l’Iada continue à tenir ses réunions hebdomadaires, à parler avec les autres partenaires des mouvements sociaux, etc. Il se prépare, selon M. Diouf, à rencontrer la représentante du bureau de l’Union européenne à Dakar.

‘’Depuis Diamniadio, les choses continuent à bouger. Sans optimisme, la vie est un échec. Nous restons optimistes sur les choses sur lesquelles nous sommes convaincus. Nous n’allons pas dire que nous allons en campagne avec un pessimisme. Nous sommes tout à fait optimistes, car nous avons des arguments politiques, économiques, politiques, scientifiques, sociaux, diplomatiques et culturels sur lesquels nous allons nous appuyer’’, conclut-il.

(ENQUETE)

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