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Pêche illicite,sécurité en mer, modernisation du secteur, protection des ressources halieutiques… Les mille et un défis d’un secteur en crise

CLPA peuvent faire une sélection parmi différentes formes de pêche, pour éviter certaines pratiques néfastes. En effet, chaque CLPA dispose d’une convention locale pour agir avec responsabilité sur les ressources. Grâce à elle, l’acteur saura le type de pêche praticable. Cela permet d’éviter l’anarchie dans le secteur, laquelle porte préjudice à toutes les espèces.

Sur le projet de géolocalisation, M. Diatta fait comprendre que des essais sont menés dans ce sens. À une certaine distance en haute mer, il est possible d’apercevoir la pirogue. ‘’Jusqu’à des kilomètres, en mer profonde, avec cet appareil, on est localisé. S’il y a, par exemple, des imprévus, comme une panne de moteur, il suffit d’appuyer sur un bouton pour que l’information parvienne à la terre ferme. On peut même voir, à l’aide de cet appareil, quelqu’un qui se trouve à un rayon de 10 km. On peut donc aller le secourir, s’il est en danger, en envoyant un message à toutes les pirogues qui sont à côté’’.

À l’en croire, c’est un appareil manuel qu’ils ont déjà essayé. Toutefois, sa manipulation va demander une certaine formation pour une meilleure maitrise. Monsieur Diatta revient plus largement sur son utilisation et sur son entretien.

Mise en circulation des pirogues en fibre de verre

La modernisation de la pêche artisanale concerne surtout les pirogues. En dehors de celles construites en bois, les pirogues en fibre de verre sont envisagées ‘’pour mieux préserver l’environnement’’. Cependant, ce sont des navires à prix d’or. D’après Alassane Diatta, le prix unitaire s’élèverait à 4, voire 5 millions de francs CFA. Même si la garantie est de 25 ans et plus, ‘’c’est difficile ou même impossible pour le pêcheur d’en acheter’’.

L’acquisition de ces pirogues a fait l’objet d’une signature de partenariat avec la Société des infrastructures de réparation navale (SIRN) et le Développement pour l’entrepreunariat rapide (Der). Un milliard de francs CFA est mobilisé pour deux cents pirogues pour le moment. En guise de solution favorable, M. Diatta pense que l’État doit instaurer un système d’acquisition de ces embarcations. Peut-être permettant au pêcheur de payer par tranches, en ayant des subventions… Ainsi, il tient à ce que ces navires soient mis en place, car ils vont ‘’révolutionner le secteur’’.

Pour certains, la pêche est un secteur à problème. D’ailleurs, dans le RNCLPA, il est créé un département dit de Prévention des conflits, dirigé par Pierre Mboup, par ailleurs Coordonnateur régional de Dakar. Ses mots sur la question sont assez édifiants.’’ C’est très difficile, et je parle en connaissance de cause. Je vais partout pour régler des conflits. Mais malheureusement, le soutien manque. Je me déplace avec mon propre argent. Personne ne me finance. Ni le ministère de tutelle ni la Direction des Pêches maritimes (DPM)’’, regrette-t-il.

La situation de la pêche le préoccupe beaucoup, eu égard à son appel à l’union des cœurs. Pour lui, c’est inutile d’investir dans le secteur, s’il n’y a pas de paix. Mieux, il préconise un dialogue avec le ministre de tutelle et le président de la République, pour prendre en compte les problèmes qui secouent le secteur. Sans hésiter, il s’en prend à la communication des autorités. ’’Ces gens communiquent mal. Avant de dire un mot sur quelque chose, il faut au moins la maitriser. Quand je les entends, surtout le président Macky Sall, dire qu’une pirogue ne peut pas aller au-delà de 100 km en mer, ça m’étonne. À vrai dire, les pirogues vont jusqu’en Guinée-Bissau pour pêcher. Même les plus petites pirogues peuvent aller au-delà de 100 km’’.

Il explique, par ailleurs, que le conflit entre bateaux et pirogues est devenu plus fréquent. D’après lui, les bateaux ne cessent de détruire les filets des pêcheurs artisanaux. ‘’Ces navires étrangers nous fatiguent beaucoup. Ils viennent pêcher dans nos eaux. Il n’y a aucune surveillance. Même s’il existe des altercations entre pêcheurs artisanaux, on règle ça en famille. Le problème, c’est avec les bateaux’’, fait-il savoir.

À l’en croire, les eaux bissau-guinéennes et mauritaniennes sont plus surveillées que celles du Sénégal. À ce propos, il avance : ‘’On entend très fréquemment que tel pêcheur sénégalais est arrêté en Guinée-Bissau ou en Mauritanie. Mais eux, ils ne sont jamais inquiétés ici. Et pour la fatidique question du nombre de bateaux étrangers qui pêchent au Sénégal, il martèle : ‘’Il faut que le ministre nous donne la liste de ces navires, comme il l’a fait avec les pirogues.’’

La loi 2015-18 du 13 juillet 2015

Cette préoccupation de M. Mboup ne semble pas laisser indifférent Alioune Ndoye. ‘’La pêche occupe une place importante dans les politiques et stratégies de développement économique. Cela, à travers sa contribution significative à l’alimentation de la population, à la création de revenus et d’emplois, ainsi qu’au renforcement de la compétitivité’’, dit le ministre de la Pêche.

Le ministre porte à la connaissance du public que les recettes d’exportation sont évaluées à 262 milliards de francs CFA en 2020. Pour lui, c’est cette importance économique et sociale du secteur, de même que son potentiel de croissance, qui justifie l’attention particulière du chef de l’État pour la pêche et l’aquaculture.

Aussi, ajoute-t-il, ‘’la loi 2015-18 du 13 juillet 2015, portant Code de la pêche maritime, consacre de nouvelles dispositions, notamment la lutte contre la pêche illicite non déclarée et non réglementée (INN), la cogestion des pêcheries, le durcissement des sanctions infligées aux bateaux pirates, le renforcement des plans d’aménagement des pêcheries, le principe de précaution et la démarche participative’’.

Et pour rassurer, il laisse entendre que ‘’d’importantes mesures’’ ont été prises, dont le renforcement de la cogestion de la gouvernance locale des pêches avec l’extension et la mise en réseaux des conseils locaux de pêche artisanale. Aussi, il y a, selon lui, l’application des mesures du ressort de l’état du port pour lutter contre la pêche INN dans le domaine du suivi contrôle et surveillance des pêches.

En outre, il y a l’approbation du Plan national des pêches d’adaptation aux changements climatiques, la mise en œuvre des plans d’aménagement des pêcheries. Il y a surtout l’immatriculation des pirogues qui a créé pas mal de problèmes aux pêcheurs, l’instauration du permis de pêche artisanale, le gel des licences de pêche démérsale, côtière, depuis 2006.

‘’L’État a consenti à faire des efforts substantiels pour le développement intégral du secteur de la pêche. Et depuis 2005, le département des Pêches et de l’Economie maritime s’est engagé dans une dynamique de gestion concertée des ressources halieutiques et d’aménagement participatifs des pêcheries…’’, fait savoir le ministre.

(ENQUETE)

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