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Les économistes proposent la rupture des dogmes de la pensée néolibérale dominante

«Sénégal post covid-19, quelle rupture vers la souveraineté ?» C’est le titre de l’œuvre produite à partir des contributions de certains chercheurs, notamment des économistes sénégalais. Ce, pour trouver un plan de sortie de crise liée à la pandémie de Covid-19. En effet, à la place de la relance, les experts proposent plutôt la rupture des dogmes de la pensée néolibérale dominante.

Les crises ne provoquent pas seulement le chaos. Elles offrent également l’opportunité d’un débat prospectif sur les nouveaux défis, horizons et ambitions collectives d’une nation. Cela semble bien compris par certains économistes sénégalais qui, face à la crise sanitaire liée à la Covid-19, ne se sont pas contentés d’un diagnostic ou d’afficher des convictions et certitudes. Ils sont allés plus loin en proposant des pistes de solutions sans grande prétention ni dogmatisme. «Au-delà de la diversité d’approches et de perspectives, des consensus forts dans leurs réflexions croisées, est apparue au moins la nécessité d’une refondation du concept développement, centrée sur les souverainetés notamment de la pensée, de l’alimentation, de la monnaie, de la sécurité numérique.

Il s’agit en effet de privilégier la solidarité grâce à des pratiques économiques centrées sur la coopération et non sur la compétition, autrement dit le développement de chaînes de valeur locale et de proximité donnant lieu à un basculement vers un nouveau modèle», soulignent le Directeur exécutif IPAR Cheikh Oumar Ba et ses co-auteurs. Leurs diverses contributions embrassent des enjeux économiques, sociaux, culturels et politiques qui démontrent la pertinence d’une refondation holistique dont la nécessité a été rappelée par la pandémie de Covid-19. «L’initiative est née à partir d’une discussion dans un groupe composé d’experts et d’universitaires dont l’idée de départ était de ne pas rater l’occasion de la crise sanitaire, économique, surtout sociétale pour proposer des solutions dans les différents domaines du développement de la société sénégalaise », soutient le Docteur en Géographie de l’Université Louis Pasteur de Strasbourg, Cheikh Guèye. Il soutient que ce livre est destiné à toutes les catégories de décideurs du Sénégal. «Il fait le bilan des difficultés économiques et alimentaires liées aux goulots d’étranglement dans les chaines de valeur et de la fragilité du modèle de la politique économique ouverte qui date des années 1960. Et de tendre vers des orientations indispensables que le pays doit prendre pour amorcer son développement», explique Dr Guèye. Accentuant sa contribution sur les Enjeux et Défis du Pse post covid-19 : la prééminente dimension agricole, l’Enseignant-chercheur à l’Université de Thiès, Chercheur Associé à l’IPAR, El Mounirou Ndiaye soutient qu’il y a beaucoup de ruptures à faire dans ce pays.

Selon lui, le gouvernement ne devrait pas parler de relance mais plutôt de refondation de l’Economie. « Il ne faut pas relancer quelque chose qui ne marche pas ; ce qui urge, c’est de refonder les choses pour produire des plans auto-exécutoires et protecteurs par rapport aux chocs de la pandémie», plaide l’Enseignant-chercheur qui, en plus, invite dans la même dynamique les décideurs à réviser les moteurs de la croissance des investissements. «Les étrangers peuvent se développer au Sénégal tout en permettant à des Sénégalais de se développer mais pour cela, il faut que le gouvernement soit «sénégalaisiste», estime M. Ndiaye. Il invite ainsi l’Etat à trouver un mécanisme permettant de valoriser le système informel pour augmenter la croissance économique. « Il faut aussi qu’on organise la résilience pour permettre au Sénégal d’avoir des produits à proposer et de permettre au secteur informel d’accéder au marché public», indique Mounirou Ndiaye. Car, selon lui, il est difficile pour les petites exploitations africaines de concurrencer les grandes exploitations étrangères qui peuvent faire valoir leurs grandes marges de rendements d’échelles.

Pour sa part, le Directeur exécutif de l’IPAR, Cheikh Oumar Ba, estime que cette notion de rupture ne devrait pas interpeller les décideurs uniquement mais tout le monde « Notre responsabilité à tous est de changer nous-mêmes, d’abord en tant que citoyens, sans mettre le tout sur le dos de l’Etat, et sortir de nos têtes cette relation de domination», indique-t-il.

Avec L’AS

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