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Investissements en Afrique : comment la Chine et l’Occident vont rivaliser dans les prochaines années

Un changement majeur est attendu dans la nature et la structure des investissements chinois en Afrique. Outre les entreprises d’Etat, des investisseurs privés devraient désormais cibler les secteurs des TIC, de l’agriculture, des biens de consommation, de l’industrie et des finances.

Les puissances occidentales auront du mal à supplanter la Chine en Afrique au cours de la prochaine décennie d’autant plus que Pékin s’emploie à approfondir ses liens avec le continent, en se concentrant sur le renforcement des échanges commerciaux bilatéraux et la diversification de ses investissements, au-delà de la construction des infrastructures et de l’exploitation des ressources naturelles, a estimé The Economist Intelligence Unit (EIU) dans un rapport publié le 3 août.

Intitulé « Un nouvel horizon pour les relations Afrique-Chine » (A new horizon for Africa-China relations), le rapport précise qu’il est « peu probable » que les grandes puissantes occidentales, notamment l’Union européenne (UE) et les Etats-Unis, parviennent rattraper leur retard par rapport à la Chine en Afrique en dépit des récentes stratégies qu’elles ont dévoilées pour remodeler leurs relations économiques et politiques avec le continent, dont l’initiative européenne « Global Gateway Africa-Europe Investment Package » (154 milliards de dollars), le programme américain « Build Back Better World (B3W) » ou encore le « Partenariat mondial pour les infrastructures » du G7 (600 milliards de dollars).

« Ces initiatives contribueront dans une certaine mesure à contrer, mais pas à supplanter l’influence chinoise sur le continent », estime l’EIU. Et pour cause : les puissances occidentales sont confrontées à leur héritage colonial en Afrique et à une méfiance grandissante à l’égard de leurs intentions en raison d’un engagement erratique au cours des dernières décennies.

« Des points d’interrogation sont également soulevés en Afrique quant aux motifs du réengagement de l’UE et des Etats-Unis. Au vu du souvenir d’engagements passés qui ont échoué, ce réengagement est considéré comme une simple volonté de contrer l’influence de la Chine plutôt que de travailler avec des partenaires africains », indique la société d’intelligence économique.

Diversification des échanges commerciaux

Dans le camp d’en face, on ne se croise pas les bras. Le rapport souligne que les stratégies de développement de la coopération bilatérale Chine-Afrique et les engagements financiers récents de la Chine, annoncés lors de 8è conférence ministérielle du Forum sur la coopération sino-africaine (FOCAC 8), tenue à Dakar en novembre 2021, laissent présager un « engagement plus profond et plus large » de l’empire du Milieu sur le continent à moyen et long terme.

Pékin érige désormais le renforcement et la diversification des échanges commerciaux avec l’Afrique au rang de priorité, et vise à ravir à l’Union européenne (UE) le rang de premier partenaire commercial du continent d’ici 2030.

« Il existe une série de facteurs généraux susceptibles de stimuler le commerce et les investissements chinois en Afrique au cours de la prochaine décennie. Il s’agit notamment d’une concurrence internationale intense pour le secteur extractif et les ressources agricoles de l’Afrique.

Les investissements chinois par le biais d’entreprises d’Etat et d’institutions financières publiques continueront de cibler les ressources naturelles ainsi que les infrastructures de transport et d’énergie facilitant le commerce », expliquent les auteurs du rapport. Et d’ajouter : « En outre, l’Afrique dispose de marchés à croissance rapide pour un large éventail de biens de consommation et de services, qui, à long terme, seront stimulés par l’expansion de la classe moyenne urbaine et les progrès d’intégration régionale ».

Vague de délocalisations industrielles

The Economist Intelligence Unit s’attend d’autre part à des changements majeurs dans la nature et la structure des investissements chinois en Afrique, qui sont jusqu’ici presque exclusivement portés par des entreprises d’Etat. « Les investissements du secteur privé chinois joueront un rôle central au cours de la prochaine décennie, en ciblant des secteurs tels que les infrastructures et les services liés aux technologies de l’information et de la communication (TIC) les entreprises agricoles, les biens de consommation et l’électronique, l’industrie légère et les finances », pronostique l’organisme de recherche et d’intelligence économique.

Le géant asiatique devrait par ailleurs augmenter ses investissements dans l’agriculture en Afrique. « Les questions de sécurité alimentaire et les énormes besoins de la Chine en produits alimentaires pourraient entraîner d’importants flux d’investissement dans la production agricole en Afrique », prédit l’EIU.

Et last but not least, Pékin pourrait désormais pourrait considérer la population jeune de l’Afrique comme une source de main-d’œuvre pour ses entreprises manufacturières.

« L’Afrique dispose d’un énorme réservoir de main-d’œuvre jeune et peu coûteuse, qui constitue un débouché potentiel pour le secteur manufacturier chinois à forte intensité de main-d’œuvre, ce qui deviendra de plus en plus intéressant à mesure que la main-d’œuvre chinoise vieillira et deviendra plus coûteuse », indique le rapport, qui prévoit une grande vague de délocalisations des entreprises chinoises en Afrique.

« Les relations sino-africaines entrent clairement dans une nouvelle phase », résume Pat Thaker, directeur éditorial de l’EIU pour le Moyen-Orient et l’Afrique, cité dans un communiqué.

Agence Ecofin

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