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Impacts de la guerre Russie-Ukraine en Afrique subsaharienne : Le Fmi et l’UE craignent une hausse de l’inflation

La guerre entre la Russie et l’Ukraine peut accroitre les tensions inflationnistes liées aux denrées alimentaires et aux carburants, aggraver la position budgétaire des pays d’Afrique subsaharienne et perturber les flux de capitaux. Ce qui pourrait mettre en péril l’accès au financement extérieur, selon C’est ce qu’ont soutenu, hier, dans une déclaration conjointe, la Commissaire européenne aux partenariats internationaux, Jutta Urpilainen et de la Directrice générale du Fonds monétaire international (Fmi), Kristalina Georgieva, à l’issue du 10e Forum africain sur les finances publiques tenu ce 10 et 11 mars.

L’Afrique subsaharienne se remet d’une crise ‘’sans précédent’’, soulignent la Commissaire européenne aux partenariats internationaux et la Directrice générale du Fonds monétaire international (Fmi), dans une déclaration conjointe faite, à l’issue du 10e Forum africain sur les finances publiques, tenu en ligne ces 10 et 11 mars. Jutta Urpilainen et Kristalina Georgieva indiquent, qu’après une ‘’nette contraction’’ en 2020, la croissance s’est accélérée en 2021, portée par un redressement du commerce international et des prix des produits de base.

‘’Toutefois, les perspectives demeurent très incertaines, compte tenu de la lente progression de l’accès équitable à la vaccination dans la région, de l’espace budgétaire réduit, et plus récemment, des répercussions de la guerre en Ukraine. Cette dernière est susceptible d’accroitre les tensions inflationnistes liées aux denrées alimentaires et aux carburants, d’aggraver la position budgétaire des pays d’Afrique subsaharienne et de perturber les flux de capitaux, ce qui pourrait mettre en péril l’accès au financement extérieur’’, alertent-elles.

Compte tenu de ces difficultés supplémentaires, la Commissaire de l’UE et la Dg du FMI estiment que l’action des gouvernements africains et des partenaires au développement visant à soutenir la reprise et les populations les plus vulnérables du continent, est ‘’plus qu’urgente’’. ‘’Les Africains ne peuvent être laissés pour compte. Alors que les mesures pour résoudre les crises actuelles se poursuivent, la mise en œuvre de réformes transformatrices pour libérer le fort potentiel économique du continent ne doit pas être retardée. Conscients du fait que les réformes nécessaires doivent répondre aux préoccupations des parties prenantes dans chaque pays, nous nous engageons à améliorer notre évaluation et notre prise en compte des facteurs liés à l’économie politique dans le cadre de notre coopération avec les pays, en vue d’élaborer et de mettre en œuvre des réformes budgétaires qui soient viables et qui suscitent une large adhésion’’, poursuivent-elles.

26 milliards de dollars d’aide du FMI pour soutenir la région

La Commissaire européenne aux partenariats internationaux et la patronne du FMI trouvent que les pays africains devraient prendre les réformes à bras le corps, mais, ils ne doivent pas pour autant avoir à le faire seuls. ‘’Un partenariat avec la communauté internationale est indispensable, compte tenu des besoins de financement élevés de la région et de l’écart grandissant avec le reste du monde. Depuis le début de la pandémie, l’aide financière du FMI aux pays d’Afrique subsaharienne s’élève à plus de 26 milliards de dollars. L’Europe a engagé plus de 9,8 milliards d’euros pour la riposte extérieure à la Covid-19 en Afrique. Les efforts consentis par les pays sont également appuyés par des activités de développement des capacités. Des experts travaillent quotidiennement aux côtés des autorités nationales en vue de mettre en place les institutions nécessaires pour formuler et mettre en œuvre des politiques économiques saines’’, soulignent les deux dames.

Il est aussi relevé, dans leur déclaration, qu’en 2020 comme en 2021, le FMI a mené plus de 2 000 interventions de développement des capacités dans la région et prévoit d’en faire encore plus cette année. La Commission européenne, quant à elle, a investi ‘’lourdement’’ dans le développement des capacités, ‘’fidèle’’ à son approche consistant à mobiliser plus de ressources pour ‘’dépenser mieux’’ (‘’collect more, spend better’’), en coordination étroite avec ses pays partenaires et le FMI.

Outre le financement, les conseils et le développement des capacités, la communauté internationale devrait aussi, selon Jutta Urpilainen et Kristalina Georgieva, continuer à adapter ses opérations pour ‘’mieux répondre’’ aux besoins des pays et ‘’atténuer’’ les risques liés à la mise en œuvre des politiques économiques. À titre d’exemple, il est signalé dans le texte que le FMI compte lancer une nouvelle stratégie d’accompagnement des pays fragiles ou touchés par un conflit qui préconise une conditionnalité mieux adaptée et une plus grande attention portée sur les risques liés à l’économie politique.

‘’Le FMI est également en train de mettre en place un fonds fiduciaire pour la résilience et la durabilité, une nouvelle facilité de prêt qui prévoit des échéances plus longues et dont le but est de relever les défis structurels qui présentent des enjeux sur le plan macroéconomique, comme le changement climatique, la préparation aux pandémies et la numérisation. Notre objectif commun est de poursuivre notre collaboration étroite avec les autorités africaines afin de favoriser la reprise de l’après-pandémie et de bâtir des économies plus robustes et plus inclusives’’, affirment-elles.

Il convient de rappeler que ce forum s’articule autour de quatre volets prioritaires de la politique budgétaire pour bâtir des économies ‘’résilientes’’ et ‘’inclusives’’. Il s’agit notamment d’hiérarchiser les dépenses, en améliorant l’efficacité et la gestion des dépenses publiques et en privilégiant les investissements publics dans les domaines de la reprise verte et des infrastructures tant physiques que numériques.

Mais aussi, de ‘’faire à nouveau reculer la pauvreté en renforçant les programmes de protection sociale, en investissant dans la santé et l’éducation et en indemnisant ceux qui seraient pénalisés par les réformes qui s’imposent ; mobiliser des recettes fiscales , en commençant par des mesures difficiles, mais nécessaires, pour accroitre l’efficacité et l’équité des systèmes fiscaux ; remédier à la vulnérabilité de la dette en fixant des objectifs budgétaires à moyen terme clairs et prudents et, dans un grand nombre de pays, en procédant à un ajustement budgétaire soigneusement planifié et échelonné, fondé sur un cadre institutionnel robuste’’, lit-on dans la déclaration.

(ENQUETE)

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