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Echanges commerciaux: L’Afrique importe sept fois plus de produits russes qu’elle n’en exporte vers Moscou

 En 2020, les échanges commerciaux russo-africains ont stagné autour de 14 milliards $, dans un contexte de covid-19. Cependant, dans ses échanges avec Moscou, le solde commercial de l’Afrique reste largement négatif, avec un déficit estimé à plus de 10 milliards $ pour le continent.

L’Afrique importe environ sept fois plus de biens en provenance de la Russie qu’elle n’en exporte vers le pays des Tsars. C’est ce qui ressort des données sur les échanges commerciaux Russie-Afrique compilées par l’Agence Ecofin à partir des chiffres de TradeMap, la base de données de l’OMC dédiée au commerce international.

En 2020, la Russie a exporté pour 12,4 milliards $ de biens vers l’Afrique. En contrepartie, les pays africains n’ont vendu que 1,6 milliard $ de marchandises à la Fédération de Russie. Ce qui entraîne un déficit commercial de 10,8 milliards $ pour le continent. Cependant, la Russie ne détient que 2,4% de parts de marché en Afrique contre 19,6% pour la Chine, de loin le premier fournisseur du continent, 5% pour les Etats-Unis, la France ou l’Inde.

A l’analyse des données, on remarque que les importations africaines sont dominées par les céréales qui représentent près de 30% de l’ensemble des importations en provenance de la Russie. Pour rappel, elle exporte principalement du blé (environ 95% des céréales exportées) vers des pays africains. Cette situation contribue d’ailleurs à expliquer l’inquiétude des analystes financiers concernant la flambée des cours du blé, dans le sillage de la guerre en Ukraine.

Plus de la moitié des approvisionnements africains en blé russe sont importés par les pays les plus peuplés du continent, à savoir : l’Egypte, le Soudan, le Nigeria, la Tanzanie, l’Algérie, le Kenya et l’Afrique du Sud.  Outre le blé, les combustibles minéraux comme le charbon, les produits pétroliers et le gaz arrivent à 18,3% des achats africains en provenance de l’ex-URSS.

De son côté, l’Afrique vend essentiellement des fruits et légumes comestibles, des produits aquatiques ainsi que des produits chimiques organiques et des métaux précieux au pays eurasiatique.

Globalement, le volume de biens échangés entre les deux partenaires en 2020 a atteint 14,8 milliards $, traduisant une baisse marginale par rapport aux 14 milliards $ de 2019. Cette quasi-stagnation s’inscrit dans un contexte marqué par la covid-19 qui a affecté l’ensemble du commerce mondial. A titre illustratif, les données indiquent que les échanges commerciaux entre l’Afrique et le reste du monde ont baissé de 14% pour tomber à 900 milliards $ en 2020.

Rappelons que malgré la baisse du volume des échanges commerciaux entre les deux parties, les exportations de l’Afrique vers la Russie ont progressé de 2% entre 2019 et 2020, alors que les importations en provenance de la Russie ont chuté de 6,5% sur la même période.

Ces chiffres interviennent alors que le Kremlin a enclenché sa stratégie de reconquête du marché africain, ces dernières années. En 2019, le président Vladimir Poutine (photo) avait à cet effet organisé un sommet Afrique-Russie qui avait réuni plus de 40 dirigeants africains pour discuter coopération. A l’époque, l’objectif affiché par le chef d’Etat était d’asseoir les bases devant permettre à la Russie de « doubler son commerce avec l’Afrique au cours des quatre à cinq prochaines années ».

Bien que les relations commerciales entre la Russie et l’Afrique soient encore faibles, Moscou mise plus que jamais sur le secteur politico-sécuritaire. Ces dernières années, le pays d’Europe de l’Est s’est en effet hissé au rang de principal partenaire politique dans deux pays africains – la Centrafrique et le Mali – qui étaient jusque-là considérés comme faisant partie de la sphère d’influence française. Aussi, les interventions dans le processus de paix libyen, les ventes d’armes à plusieurs pays du continent notamment l’Algérie et l’Egypte, et le soutien aux Etats du continent dans le cadre de la lutte contre la covid-19 sont-ils perçus par les experts comme des signes évocateurs de la percée diplomatique russe sur le continent noir.

(AGENCE ECOFIN)

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