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Data center de Diamniadio : Des menaces sur la souveraineté numérique annoncées

Le président de la République, Macky Sall, s’est réjoui de l’inauguration du centre de données, lors du Conseil des ministres d’hier. Seulement, les données sénégalaises pourraient être en danger, si les accusations envers l’entreprise en charge de l’équipement du Data Center sont avérées.

Inauguré le mardi 22 juin 2021, le Data Center de Diamniadio a centralisé la communication du président de la République Macky Sall, hier, lors du Conseil des ministres. Souvent pour se féliciter d’une ‘’infrastructure de dernière génération’’ qui va ‘’consolider la transformation digitale des administrations, la sécurisation de nos données, la résilience et la souveraineté numériques du Sénégal’’. Le chef de l’Etat a, à cet égard, félicité l’Agence de l’informatique de l’Etat (ADIE) et les parties prenantes qui ont permis la réalisation de ce centre de données, outil majeur au service des administrations publiques et des entreprises.

Plus qu’un centre de données administratives, le Data Center va ainsi accélérer, d’après Macky Sall, l’ancrage d’une économie numérique basée sur un partenariat stratégique entre l’Etat et le secteur privé.

Le communiqué du Conseil des ministres fait également savoir que le chef de l’Etat a instruit son gouvernement de créer les convergences et synergies nécessaires entre le Data Center, le Parc des technologies numériques et le Supercalculateur national afin de faire de Diamniadio le pilier durable du système de transformation numérique du Sénégal. L’éducation supérieure sera au cœur de cette révolution, les ministres en charge de l’Education et de l’Enseignement supérieur ayant été invités à ‘’intensifier la transformation digitale de notre système éducatif, d’enseignement supérieur, de recherche et d’innovation’’.

Malgré l’enthousiasme et les belles promesses, cette infrastructure numérique ne dispose pas encore d’un cadre réglementaire fixant l’organisation et le fonctionnement. D’ailleurs, le président de la République a invité le ministre de l’Economie numérique et des Télécommunications à lui en proposer un. Une action à ne pas prendre à la légère, vu les accusations qui pèsent sur l’entreprise chinoise qui a équipé le Data Center.

En effet, c’est aux Pays-Bas, en avril 2021, que le quotidien ‘’De Volkskrant’’ a accusé Huawei d’espionnage. Ce dernier, selon le journal qui assure avoir eu accès à un rapport classé secret, ‘’aurait pu accéder aux données de 6,5 millions d’abonnés de l’opérateur néerlandais KPN, mais aussi aux conversations de l’ancien Premier ministre Jan Peter Balkenende. Le géant Chinois aurait eu un accès non-autorisé aux réseaux et systèmes de l’opérateur téléphonique’’.

Le rapport de Capgemini

Le rapport de Capgemini, consulté par ‘’De Volkskrant’’, s’avérerait si “alarmant” qu’il a été gardé secret. Il soulignerait un danger pour les pouvoirs publics et les entreprises néerlandaises, mais également pour des dissidents chinois. “La pérennité de KPN Mobile est grandement menacée. Des autorisations pourraient être révoquées, les autorités et des entreprises pourraient laisser derrière eux la confiance qu’ils ont en KPN, s’il était rendu public que le gouvernement chinois peut espionner les numéros de téléphone des utilisateurs de KPN, mais aussi paralyser le réseau”, cite le quotidien néerlandais.

Le rapport de Capgemini indique que le personnel de Huawei, aussi bien dans les locaux de KPN qu’en Chine, aurait pu mettre sur écoute toutes les conversations “de manière illimitée, incontrôlée et non-autorisée”, mais également s’emparer des données clients.

À la suite de cela, KPN aurait décidé de revoir l’importance de son partenariat avec Huawei, en octroyant finalement la maintenance de son réseau mobile à des sociétés occidentales. L’opérateur aurait également revu la protection de ses infrastructures.

Toutefois, aussi bien l’opérateur néerlandais que le géant Chinois ont nié les accusations révélées par le journal ‘’De Volkskrant’’. Depuis 2019, Washington accuse Huawei d’espionnage pour le compte du gouvernement chinois et a placé l’entreprise sur la liste noire aux Etats-Unis. Mais Huawei se défend, dénonçant être prise en étau dans la guerre commerciale opposant les États-Unis et la Chine.

Le gouvernement du Sénégal a tout de même choisi de faire confiance à la firme chinoise. Le Data Center de Diamniadio est financé à hauteur de 82 milliards de F CFA par la Banque d’import-export de Chine.

Selon le ‘’South China Morning Post’’, ce nouveau centre de données pourra se connecter aux réseaux mondiaux grâce à un câble sous-marin de 6 000 km détenu par le Sénégal.

(ENQUETE)

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