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Crise sanitaire de Covid-19 : Deloitte décrypte la gestion marocaine

«Le Maroc, de la résilience à l’émergence?», tel est l’intitulé du rapport que vient de publier Deloitte, sous la direction de Emmanuel Gadret et de Mehdi Serghini et avec la participation de l’économiste Alexandre Kateb. Dans ce document, ces experts de la filiale marocaine de la firme internationale de Deloitte Touche Tohmatsu décryptent l’action du Royaume du Maroc pendant ces dernières vagues du coronavirus. Tous les éléments analysés pour l’élaboration de ce Policy Paper font ressortir trois faits saillants qui caractérisent la gestion du Maroc durant les 500 jours qui viennent de s’écouler.

«Principe de précaution maximum»
Premièrement, relèvent les experts, «au niveau de la stratégie tactique d’endiguement des effets de la pandémie, le Royaume chérifien a adopté la posture du «principe de précaution maximum», instaurant l’un des confinements rigides les plus longs au monde, fermant ses frontières, et mettant en place un filet social de distribution directe d’aide aux populations inédit, malgré la prévalence du secteur informel». A ce titre, renseignent Emmanuel Gadret et ses collègues, «le Maroc a mis en œuvre une réponse multidimensionnelle à travers l’articulation de différents niveaux de responsabilité, la concertation entre différents types d’acteurs et l’imbrication des différents horizons temporels.
Au niveau macro-économique, afin de répondre aux chocs externes et contribuer à l’équilibre de la balance des paiements, le Royaume a mobilisé tous les instruments de financement extérieur à sa disposition.
Outre le tirage sur la ligne de précaution et de liquidité ́ mise à disposition du Maroc par le Fmi, l’émission obligataire du trésor et les prêts contractés auprès des institutions multinationales, Banque africaine de développement, Banque mondiale et Fonds monétaire arabe, ont permis d’amortir le choc de la diminution des devises liées à la chute des recettes d’exportations de biens (- 7.5%), et la contraction des recettes touristiques (- 54%), dans un contexte où les importations se sont elles aussi fortement contractées, en raison notamment de la chute des cours du pétrole (- 14%)».

Réformes accélérées
En second lieu, note Deloitte, «de manière presque paradoxale, la crise de la Covid-19 a probablement servi d’accélérateur pour certaines réformes correctives de lenteurs administratives très enracinées, qui pesaient de manière structurelle sur le Doing Business du Maroc, bien que celui-ci ait progressé de manière très significative au cours des dix dernières années. Elle a permis la mise en place d’une sorte de «Pacte de responsabilité» public-privé, piloté par le ministère des Finances, et qui repose en grande partie sur un stimulus monétaire raisonné».
Ainsi souligne-t-elle, «le «Pacte pour la relance économique et l’emploi», prévoit l’injection de 120 milliards de dirhams dans l’économie, dont 75 milliards de dirhams, sous format de crédits garantis par l’Etat, sur la base d’un mécanisme de garantie géré par la Ccg (Caisse centrale de garantie), et dont la distribution sera assurée au profit des entreprises privées et publiques et 45 milliards de dirhams affectés au Fonds Mohammed VI pour l’investissement, accordé par l’Etat, les investisseurs institutionnels et les institutions financières internationales».

Ouverture de réformes structurelles
Deloitte d’indiquer enfin, que «la séquence pandémique a également ouvert la voie à des réformes structurelles, qui sont intervenues sous l’impulsion royale en amont de la remise des résultats de la Commission spéciale pour le Nouveau modèle de développement, sans toutefois entrer en concurrence avec celles-ci. Trois axes forts constituent l’armature de cette nouvelle ambition réformatrice : un nouveau contrat social porté par l’universalisation de la protection sociale, la digitalisation comme réponse à la crise et catalyseur de la transformation post-crise, et un choc de simplification et de modernisation de l’Etat.
C’est donc sous l’emblème de ce triptyque solidarité-digitalisation-simplification que le Maroc ambitionne de se positionner au croisement des dynamiques économiques lorsque la reprise économique régionale et mondiale sera confirmée, pouvant en outre s’appuyer sur la plus large campagne vaccinale d’Afrique, qui permet au Royaume de friser la barre des plus de dix millions de vaccinés complètement (2 doses) début Juillet 2021».
De l’avis de M. Gadret et ses collègues, «il reste désormais au Maroc à adjoindre aux chantiers déjà ouverts ceux, critiques, de la réforme de la justice et de l’éducation, afin de pouvoir transformer l’essai et passer du statut de «champion de la résilience» à celui de nouvelle puissance économique régionale».

(LEQUOTIDIEN)

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