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Crise à Twyford Ceramics Ltd: les vérités de l’Inspecteur régional du Travail de Thiès

A travers un communiqué de presse parvenu à la rédaction de LeSoleil.sn, l’Inspecteur régional du Travail et de la Sécurité sociale de Thiès, Tiéne Gaye, a livré ses quatre vérités sur le conflit opposant, depuis quelques semaines, l’entreprise Twyford Ceramics Limited LT à ses agents.

Depuis le 4 septembre 2020, date de sa première visite à l’usine, dit n’avoir ménagé aucun effort pour le respect de la législation sociale par l’employeur et par là, l’instauration d’une paix durable dans cet établissement.

Ce jour-là, accompagné de cinq de ses collaborateurs, les nombreux manquements à la législation du travail relevés dans les différents ateliers, vestiaires et mêmes dortoirs, l’amenèrent dès le lendemain, à servir à l’employeur, une mise en demeure dont les 29 points à corriger portaient notamment sur l’absence de mesures de protection collectives et d’équipements de protection individuelle ; le non-respect des prescriptions en matière d’hygiène, de santé et de sécurité ; le non-respect des horaires de travail réglementaires ; le refus d’octroyer les indemnités prescrites par la réglementation ; l’interdiction des syndicats professionnels et le refus d’organiser des élections de délégués du personnel ; de difficiles conditions d’hébergement des travailleurs logés dans l’entreprise.

Fermeture immédiate des dortoirs

Ainsi, au terme de sa visite, il a exigé la fermeture immédiate des dortoirs qui ne répondaient à aucune norme réglementaire non sans attirer l’attention de l’employeur sur le climat tendu qui prévalait.

« Malheureusement, la Direction de l’entreprise n’a pas jugé utile de suivre mes recommandations. Du coup, quelques jours plus tard, elle faisait face à la première grève déclenchée par ses travailleurs sans observation préalable d’un préavis. Toutefois, l’intervention de l’Inspection régionale du Travail et de la Sécurité sociale permit une sortie de crise sans représailles aucune à l’endroit des travailleurs contre la reprise de leur activité deux jours plus tard », a dit l’inspecteur.

Par la suite et conformément à ses directives, les délégués du personnel ont été élus, le syndicat de base créé, le camp levé, des tenues de travail distribués, les horaires de travail revus… Depuis, les parties avaient jusque-là, donné une chance à la négociation pour la levée de toutes mésententes. Périodiquement, elles se sont retrouvées dans nos locaux pour un suivi des engagements mutuels.

« Pas d’esclavage ni traitement dégradant»

« A ce jour, même si certaines choses pourraient encore nettement être améliorées, objectivement, il n’y a dans cette entreprise, ni esclavage ni traitement dégradant ou contraire aux droits incompressibles de l’homme. Seulement, aux yeux des délégués et de leur organisation professionnelle, les correctifs à apporter par l’employeur prenaient trop de temps et que malgré la pénibilité de leur travail, ce dernier se dérobait toujours pour ne pas satisfaire leurs revendications à incidence financière. De son côté, selon l’employeur, à ses multiples efforts consentis depuis des mois, les délégués ont toujours répondu par la surenchère et l’extrémisme syndical au point d’installer l’établissement dans une crise chronique », a-t-il expliqué.

Rupture de dialogue

Le 24 février dernier, alors que les parties venaient de conclure un accord portant sur 12 points de droit sur les 14 de leur plateforme, les travailleurs sont revenus déposer un préavis portant sur les deux points à incidence financière, n’ayant pas fait l’objet d’accord. Bien que ceux-ci relèvent de libéralité, l’employeur finit par marquer son accord de principe en promettant de revenir sur les montants à arrêter par le Président du Conseil d’administration du Groupe résident en Chine.

Entre-temps, le 02 avril, rapporte l’inspecteur, lors d’un point de presse tenu au centre culturel de Nguekhokh couplé à une campagne d’affichage jusque dans certains endroits de Dakar, l’image de l’entreprise et de la Chine est, une fois de plus, sérieusement ternie. Ce qui lui fait dire que la situation qui prévaut depuis ce week-end est due à la rupture du dialogue imputable aussi bien aux travailleurs qu’à la direction de l’établissement.
« Pour rétablir les faits dans leur exactitude, ce ne sont pas des licenciements de délégués du personnel qui, le cas échéant, supposeraient une autorisation préalable de l’Inspection du Travail (article L.214 du code du travail) mais plutôt, le non renouvellement des contrats à durée déterminée (CDD) arrivés à terme. Ces renouvellements à volonté et sans limitation des CDD par Twyford Ceramics ont été contrairement à l’article L.42 du code du travail, rendus possible par l’agrément de l’APIX dont elle bénéficie », a ensuite soutenu Téne Gaye tout en invitant la direction de Twyford à « faire preuve de dépassement pour une issue heureuse de cette situation car même si elle s’appuie sur le droit, un climat de travail serein gage d’une paix sociale durable porteur de progrès pour les travailleurs et de performances économiques pour l’entreprise est à ce coût ».

Il a exhorté aussi les travailleurs à la retenue et réitéré sa volonté de les accompagner comme elle l’a toujours fait pour un retour définitif de la paix dans l’établissement.

Pour rappel, 25 d’entre eux, dont 5 délégués ont été arrêtés en début de semaine à Sindia en marge de manifestations pour réclamer de meilleures conditions de travail. Une tension qui a poussé le président Macky Sall à interpeller le ministre de tutelle, Samba Sy lors du Conseil des ministres mercredi dernier.

(LESOLEIL)

 

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