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CEDEAO: Une monnaie unique pour les 15 États membres est peu probable à moyen terme, selon Standard & Poors

Dans son rapport intitulé « Entrée dans l’âge de l’eco : implications de la réforme monétaire en Afrique de l’Ouest », publié le 17 février dernier, la société de notation financière Standard & Poor’s revient sur la situation de la monnaie, qui fait couler tant d’encre depuis son annonce en décembre dernier.

Si l’ECO est bien parti pour remplacer le FCFA, en tant que monnaie Uemoa, elle ne va pas de sitôt devenir la monnaie commune de la Cedeao (qui regroupe 15 pays d’Afrique de l’Ouest), selon S&P.

Ceci, notamment à cause des vents contraires qui soufflent depuis le Nigéria, poids lourd de la région.

Si la mise en place de l’ECO dans l’espace UEMOA (Union économique et monétaire ouest-africaine) peut marquer un premier pas vers une monnaie commune de la CEDEAO, la persistance des « obstacles matériels » rend cependant le projet « peu probable à moyen terme ».

Commentaire de l’agence de notation Standard & Poors, sur la monnaie ECO, en tant que monnaie commune pour l’espace communautaire ouest-africain.

En effet, S&P vient de commettre un rapport sur la question, dans un contexte d’incertitude et d’atermoiements dans la marche vers cette monnaie, surtout avec le dernier revirement du Nigéria, dont le PIB représente environ deux tiers du PIB de la CEDEAO (670 milliards $, selon S&P, soit 5 fois celui de tout l’UEMOA, avec ses 130 milliards $).

Ainsi, par son poids important, couplé à sa politique « à contre-courant » d’une intégration sous-régionale (notamment son protectionnisme), le Nigeria constitue un frein non négligeable à l’extension de l’ECO à la sous-région, en l’état actuel des choses.

« Convenir d’une politique monétaire commune entre le Nigeria et ses partenaires de la CEDEAO semble donc difficile »

, souligne S&P, « d’autant plus que le Nigeria a récemment décidé de fermer ses frontières avec le Bénin et le Niger afin de réduire la contrebande et de soutenir la production agricole locale ».

Au sein de l’Uemoa, pas d’inquiétude à l’horizon

Ceci dit, selon l’Agence de notation, si l’ECO ne devrait donc pas être étendu de sitôt à l’ensemble de la CEDEAO, il n’en est pas moins que son introduction en zone Uemoa (8 pays), verra la parité maintenue avec l’Euro.

Cette parité par le passé a notamment permis de maintenir un taux d’inflation bas dans la Zone (autour de 2 %), beaucoup plus bas en comparaison au reste de la CEDEAO (environ 10%), ou au reste de l’espace subsaharien (environ 16%).

Pas de changement non plus, en ce qui concerne la notation souveraine des pays UEMOA par S&P.

Parité fixe, dévaluation et dettes souveraines

Par contre, un changement du régime de change impactera significativement la dette extérieure des pays Uemoa (environ 50% de l’endettement en devises en Côte d’Ivoire, 40% au Sénégal et 30% au Bénin), pour le cas où ils renonceraient à la garantie de convertibilité, assurée jusqu’alors par le Trésor français.

Une nouvelle donne dont il leur faudra tenir compte. Plus encore, une éventuelle dévaluation « aurait un effet immédiat et significatif sur la situation budgétaire de ces États à travers une augmentation matérielle du poids de leur dette », relève le rapport.

Du reste, selon l’évaluateur, si la dévaluation leur donnerait plus de compétitivité à l’export, ses avantages ne pourraient cependant pas l’emporter sur les coûts, car « les gains budgétaires associés seraient sans doute insuffisants pour compenser l’envolée soudaine de l’endettement ». Ce qui pousserait, à terme, à dégrader les notes des pays Uemoa.

A titre d’illustration, la Côte d’Ivoire et le Sénégal apparaissent comme les plus sensibles à une éventuelle dévaluation dans la zone Franc, principalement du fait du poids important de leur dette en devises (environ 40% et 50% du PIB respectivement).

Pour sa part, avec ses 16% de dette publique en devise, le Togo est le quatrième pays le plus sensible à une baisse de la valeur de la monnaie, dans toute la zone CFA.

Discipline budgétaire et politique économique forte

Quoi qu’il en soit, quel que soit au final le choix qui sera fait par les pays Uemoa (environ 120 millions d’habitants), quant à leur régime de change (maintien de l’arrimage à l’euro, arrimage à un panier de devises (comprenant l’euro, le dollar américain et le renminbi chinois), ou un régime de change flottant, avant tout, « la discipline budgétaire et une politique économique forte (passant notamment par un renforcement du cadre institutionnel) », seront des leviers importants, pour le maintien de la stabilité économique de l’Union monétaire, conclut S&P.

Ecofin

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