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Baba Ndiaye, Pcd de Kaolack : «Le plan d’urgence sur l’emploi doit être décentralisé»

Saluant la dernière initiative du chef de l’Etat en matière d’emploi des jeunes, le président du Conseil départemental de Kaolack est d’avis qu’il faut une décentralisation du plan d’urgence «Xeyu ndaw gni» pour plus d’efficacité. Baba Ndiaye, qui n’accorde pas de l’importance à la dernière décision de justice de la Cedeao, étale les innombrables réalisations de sa collectivité territoriale dans les domaines sociaux et économiques, compte se représenter aux prochaines élections locales et départementales et reste persuadé que la majorité en sortira vainqueur.

 La Cour de justice de la Cedeao vient d’ordonner à l’Etat du Sénégal la suppression du parrainage dans un délai de 6 mois. Quel est votre avis sur cette décision de justice ?
Je rappelle que le Sénégal est une grande démocratie qui a pu, dans la concertation et le consensus, trouver des solutions aux règles du jeu électoral. Ensuite il est très en avance sur les protocoles de 1999 et de 2001 de la Cedeao. Depuis 1981, nous sommes en multipartisme intégral. En 1991, on a eu un code consensuel, ayant permis deux alternances démocratiques.
Le Sénégal reste un exemple avec des cadres de concertation ouverts où nous réglons nos problèmes de façon consensuelle ou souverainement par la loi de la majorité. Donc, je n’accorde pas d’attention à cette décision.

Le Plan d’urgence pour l’emploi des jeunes «Xëyu ndaw gni» a été validé par le chef de l’Etat. Quelle analyse faites-vous des engagements pris à Diamniadio par les pouvoirs publics en faveur de la jeunesse ?
La rencontre au Cicad est inédite dans l’histoire de notre pays. Je l’apprécie hautement, car ayant suscité de grands espoirs pour la seule raison que la composante «jeunesse» de notre pays constitue, avec ses 70%, l’écrasante majorité de la population. Donc les politiques publiques doivent nécessairement l’impacter positivement et durablement.
La vision du Président de circonscrire le financement dans les domaines précis de l’entrepreneuriat, de la formation professionnelle, de la valorisation des métiers artisanaux, de la transformation et des Agr constitue la base de succès du plan d’urgence. Cependant, ce dernier doit être décentralisé pour plus d’efficacité.

Qu’est-ce que les Collectivités territoriales peuvent attendre des emplois qui seront créés en termes de quota, si on peut s’exprimer ainsi ?
Plus qu’un quota, je mets plutôt en avant une vision chère au Président, la territorialisation des politiques publiques. Le chef de l’Etat a, à maintes reprises lors de nos différentes rencontres, insisté sur la nécessité d’arriver à une véritable territorialisation des politiques publiques pour plus d’efficacité, d’efficience et de rapidité dans l’exécution des programmes de développement.

Les dernières émeutes ont poussé le pouvoir à revoir sa politique d’emploi en faveur des jeunes. Est-ce qu’il fallait nécessairement passer par cette étape pour faire cette «révolution» en matière d’emploi des jeunes ?
Le Président a compris l’urgence de renforcer le dispositif pour plus d’efficacité dans la réponse à cette demande pressante d’emploi et à la promotion de l’entrepreneuriat. Et c’est en ce sens qu’il faut saluer son sens élevé de responsabilité dans la gestion des précédentes manifestations et saluer les dispositions prises pour les dépasser. Mobiliser 450 milliards en 3 ans est une décision de haute portée qui doit être saluée par tous nos compatriotes.

Ousmane Sonko, leader du Pastef, est persuadé que le président de la Répu­blique Macky Sall n’atteindra pas ses objectifs à propos de l’emploi des jeunes. Partagez-vous son avis ?
Pas du tout, je suis persuadé que les objectifs seront atteints au grand bonheur des jeunes Sénégalais. Cependant, le dispositif national doit être décentralisé pour aller plus vite et plus sûr. C’est la raison pour laquelle je voudrais dire aux plus sceptiques qu’il n’y a pas de raison de s’inquiéter.

Les élections locales et départementales ont été reportées pour la énième fois. Que craindrait la majorité pour ne pas rejoindre l’opposition sur sa position qui est de les tenir en décembre 2021 ?
C’est l’opposition qui a fait de l’audit du fichier électoral une revendication majeure. Monsieur le Président en a donné une suite favorable. Les élections seront tenues à bonne date et nous y serons pour les remporter massivement.

Qu’est-ce qu’on peut essentiellement retenir de votre gestion du Conseil départemental de Kaolack après 7 ans ?
Faire le bilan de mon mandat à la tête du Conseil départemental de Kaolack, l’une des collectivités locales les plus performantes, s’avère difficile dans le cadre d’une interview ; c’est un résultat officiel garanti. Je vous renvoie aux Prix d’excellence du leadership local, baromètre des innovations majeures en matière de politiques locales instaurées par le ministère des Collectivités territoriales, en partenariat avec Enda/Ecopop, pour primer l’excellence dans la gouvernance territoriale.
Sur trois éditions (2018-2019-2020), nous avons remporté 4 premiers prix. Chaque prix est une innovation dans la gouvernance territoriale. 1er Prix d’excellence de leadership local dans la catégorie «Participation et engagement citoyens» en 2018 pour notre ancrage aux principes de la participation et du contrôle citoyens a permis, avec le Pndl, d’instaurer en termes d’investissement un budget participatif axé sur l’éducation pour la construction d’équipements et bâtiments (bibliothèques, blocs d’hygiène, clôtures, blocs administratifs…). Nous avons aussi mis en place «les Ecoles-chantiers» sur le transfert de technologies et de savoir-faire aux jeunes ouvriers kaolackois à la technique de construction de «murs géo-béton».
1er Prix d’excellence du leadership local en «Territoria­lisation de politiques publiques et agendas internationaux» en 2018 pour notre programme de coaching territorial axé sur la filière sel, Kaolack abritant le premier centre coaching territorial en Afrique subsaharienne, suite à notre partenariat avec le Conseil régional de l’Oriental du Maroc, Cglua et Echo communication. Cette démarche innovante a permis de dynamiser la Coopérative régionale d’exploitants de sel artisanal de 1 900 producteurs répartis sur 10 communes. Celle-ci bénéficie aujourd’hui de divers partenaires techniques commerciaux, financiers et institutionnels ainsi que l’aménagement d’aires de stockage.
Par le biais de notre coopération avec la commune italienne de Pontedera, les informaticiens sans frontières, nous avons implanté des bibliothèques numériques à Kaolack qui ont boosté les résultats de nos établissements scolaires. Cela nous a valu le 1er Prix du Pell dans la catégorie «Equité, égalité et inclusion» en 2019 et permis de remporter le titre de Champion dans la même catégorie en 2020.
Dans les domaines de l’éducation et de la santé, nous avons contribué à plusieurs innovations telles que la mise en place de bornes anti moustiques dans 8 communes du département, financées par le Trésor français à hauteur de 500 mille euros, une réelle contribution à la lutte contre le paludisme et le bien-être des Kaolackois, l’installation de solaires dans des établissements de formation professionnelle et sanitaires avec le financement de Lux Dev de 50 mille euros pour leur autonomie d’énergie, l’envoi des 15 meilleurs bacheliers de Kaolack à l’Université Mohammed 1er d’Oujda en 2019 avec le Conseil régional de l’Oriental, l’extension et l’équipement de maternités rurales avec l’Usaid (programme G2G) en faveur de la santé de la mère et de l’enfant dans 5 communes du département, le relèvement du plateau médical de l’Hôpital régional El hadji Ibrahima Niasse témoignant d’un bon style manageriel de la direction et d’un bon accompagnement du ministère de la Santé, la formation de plus de 100 groupements en transformation de produits locaux, l’ouverture d’un guichet «Doolel migration», des unités de transformation multi fonctionnelles offertes et 3 périmètres maraîchers modernes en cours d’installation grâce à notre partenariat avec Rimini en Italie. Bref, nous disposons d’une plateforme riche et variée de partenaires faisant de Kaolack une plateforme pertinente d’élaboration et d’exécution de politiques territoriales avec un ancrage solide à la participation citoyenne.

Est-ce que toutes ces réalisations peuvent amener à dire que vous serez candidat à votre réélection ?
Notre département est devenu, sous notre magistère, un modèle de développement territorial réussi, traduisant la vision du Président Macky Sall de créer à partir de l’Acte 3 des territoires viables, compétitifs et porteurs de développement.
Ce modèle et ses résultats seront évidemment présentés aux populations de Kaolack et d’ailleurs pour appropriation. Si Dieu nous prête vie, je porterais avec mes camarades de la grande majorité présidentielle et des acteurs de développement, de la société civile le flambeau afin de finaliser les projets en cours pour un développement endogène et durable de notre territoire.

Le port de Kaolack est un atout non négligeable. Il a été agité, il y a quelques années, son dragage. Où en êtes-vous ?
Le dragage du port de Kaolack est un projet cher au chef de l’Etat. Nous y sommes avec les institutions consulaires pour la création d’une plateforme portuaire du Sine-Saloum, gage d’une véritable vitalité économique de la zone. Le port est une source véritable de création d’emplois pour les jeunes et d’opportunités d’investissements pour les opérateurs économiques.

Qu’est-ce que le Conseil départemental de Kaolack a pu faire pour la riposte à la pandémie de coronavirus ?
Nous avons bien pris part à ce combat contre la pandémie du coronavirus, à l’instar des Collectivités territoriales de notre pays, par des actions concrètes dans la sensibilisation, l’acquisition de milliers de masques, de gants, de gel et d’appui aux couches vulnérables. L’innovation à Kaolack a été l’acquisition de pulvérisateurs motorisés pour la désinfection au profit du Service d’hygiène et l’appui aux migrants de retour en partenariat avec l’Oim, la Giz et la Dgase.

(LEQUOTIDIEN)

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