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Anacarde : une mévente record et un manque à gagner de 50 milliards Fcfa en Casamance

La pandémie de coronavirus pourrait entrainer la mévente de 30.000 tonnes d’anacarde et “un manque à gagner” estimé à 50 milliards de francs CFA aux dépens des producteurs de noix de cajou des trois régions de la Casamance (sud), a déclaré l’ingénieur agronome Abdourahmane Faye. 

“On annonce une mévente record de 30.000 tonnes d’anacarde et un manque à gagner de 50 milliards pour les producteurs casamançais, qui ne voient pas l’ombre d’un acheteur (…) en ce début de campagne”, a écrit M. Faye dans une tribune dont l’APS a obtenu une copie.

“Le désastre sera d’autant plus grand que la campagne précédente était chahutée par une chute drastique des prix aux producteurs, qui était due à une surproduction au niveau mondial”, a souligné l’ingénieur agronome et expert chargé de la formation et de l’emploi à l’Initiative prospective agricole et rurale (IPAR), un “espace de réflexion” sur “les politiques publiques dans le secteur agricole et rural en Afrique de l’Ouest”.

Ce sont des hommes d’affaires indiens qui venaient souvent acheter la production d’anacarde aux producteurs des régions de la Casamance (Kolda, Sédhiou et Ziguinchor), selon M. Faye.

Un collectif d’acteurs de la filière anacarde locale a fait part de son “désarroi”, déplorant l’absence des partenaires commerciaux indiens et mauritaniens, qui ne peuvent se rendre en Casamance à cause de la pandémie de coronavirus, a-t-il expliqué.

La morosité de la filière anacarde va affecter le port de Ziguinchor, qui connaissait chaque année un regain d’activité pendant la campagne de vente des récoltes de noix de cajou, selon l’ingénieur agronome.

Les services portuaires prévoient une baisse importante de leur chiffre d’affaires à cause de la mévente des récoltes d’anacarde.

“C’est toute une filière, à l’entame de son envol, qui prend du plomb dans l’aile avec ce Covid-19, qui n’épargnera même pas la mangue, pour la même raison, le manque d’acheteurs”, a souligné Abdourahmane Faye.

“Les deux mamelles principales de l’économie agricole sont ainsi infectées dans cette partie du Sénégal, qui présente déjà une comorbidité lourde liée aux effets des changements climatiques, à la salinisation des terres, à la baisse de la fertilité et de la productivité des sols, au sous-équipement des exploitations agricoles, etc.”, a ajouté M. Faye.

Selon lui, à cause de la fermeture des marchés hebdomadaires ruraux, en raison de la pandémie de coronavirus, les paysans sont privés de “débouchés commerciaux” et ne peuvent pas vendre leurs produits agricoles et d’élevage pour subvenir à leurs “besoins monétaires et alimentaires”.

“Dans plus de 80% des cas, les ménages agricoles épuisent leurs stocks vivriers six mois après récoltes et dépendent, pour le reste de l’année, de ces marchés pour s’acheter de la nourriture”, a expliqué l’expert d’IPAR.

“Les restrictions imposées dans les transports intérieurs et extérieurs ont perturbé le fonctionnement des chaînes logistiques d’approvisionnement et de livraison [des] exploitations agricoles”, a-t-il écrit.

(APS)

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