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Achat de l’avion présidentiel – Les coûts d’une opération : L’A320 néo acquis à 57 milliards, tout compris

L’achat de l’Airbus A-320 Neo de la Présidence, pour 57 milliards, est une bonne opération financière, si l’on en juge par de substantielles économies faites sur les locations d’avion, en plus des frais de réparation de la «Pointe Sarène». Par ailleurs, ce n’est pas le seul appareil neuf acquis pour le Sénégal par Macky Sall. Les forces aériennes et navales, ainsi qu’Air Sénégal Sa, peuvent en témoigner.

Pointe Sarène vendu à 5 milliards

L’inclination maladive des membres du gouvernement et de l’Administration à la non-transparence tend à faire d’un petit détail une affaire d’Etat. C’est le cas du débat soulevé par l’annonce de l’acquisition par l’Etat du Sénégal d’un nouvel aéronef de commandement. Le ministre Oumar Guèye a voulu se voiler du «secret défense» pour une information qui est assez aisée à trouver.
Le Quotidien a pu ainsi établir que le nouvel Airbus A-320 Neo du chef de l’Etat aura coûté la somme de 57 milliards de francs Cfa, aménagements et assurances compris. On peut considérer que c’est un bon prix, pour un appareil dont le prix usine standard est déjà beaucoup plus élevé. Mais le pays a bénéficié d’un rabais, pour avoir profité des commandes passées par la compagnie nationale Air Sénégal Sa. Ensuite, comme cela se passe dans le domaine de l’aéronautique, le fait d’avoir passé commande très tôt a également joué sur le prix. Des confrères ont informé que le montant était tiré du budget des Forces armées. Ce qui a permis au ministre Oumar Guèye d’invoquer le «secret défense» pour ne pas en parler. Or cette clause n’avait été utilisée en soi que pour passer outre les dispositions du Code des marchés publics et ne pas souscrire à un appel d’offres…
Quant à l’opportunité de l’acquisition, il est évident que Macky Sall, à l’instar de Abdoulaye Wade en son temps, ne pourra jamais convaincre ou satisfaire tout le monde. Seul Abdou Diouf y était parvenu, et cela lui avait été facile. Comme à son habitude, il n’a rien fait, se contentant de jouir de l’acquisition de son prédécesseur, le Président Léopold Sédar Senghor. Mais comme Senghor et Wade, Macky Sall ne man­que pas d’arguments pour justifier sa nouvelle acquisition.

12 milliards de dépenses en 2019

Tout le monde a remarqué que depuis un certain temps, l’avion présidentiel «Pointe Sarène» passait plus de temps dans les hangars de réparation que sur le tarmac des aéroports. Ses différentes avaries avaient même nécessité d’acheter de nouveaux moteurs. Au point que, depuis un certain nombre d’années, c’est entre 3 et 4 milliards de francs Cfa que le pays dépensait par an rien que pour l’entretien de cet avion. Et chaque fois que le Président est contraint de se déplacer avec un appareil de location, cela pèse sur le budget. Des experts du ministère des Transports aériens indiquent que c’est entre 15 mille et 18 mille euros par heure que coûte la location d’un aéronef pour le chef de l’Etat. Cela, la prise en charge de l’équipage non comprise, car il faut savoir qu’un avion est mis en location avec son équipage au complet. Au point que rien qu’en 2019, le Sénégal a dépensé 12 milliards de francs Cfa en location d’appareils pour les voyages du chef de l’Etat. Chose qui n’a laissée indifférentes les institutions de Bretton woods, on peut l’imaginer. Surtout que pour cette année, on en est déjà à 5 milliards de francs dépensés en frais de location.
Et si l’on tient compte du fait que Macky Sall va présider l’Union africaine en 2022, on devrait s’attendre à une hausse du nombre de ses déplacements. Serait-il logique que le budget de l’Etat continue de se grever de dépenses que l’on devrait pouvoir éviter ?

Pointe Sarène vendu à 5 milliards

Sous plusieurs angles, on pourrait considérer que l’achat de ce nouvel appareil n’est pas une mauvaise opération. On peut être sûr que pour 20 ans au minimum, le pays va disposer d’un appareil de commandement neuf, qui n’aura rien à envier à quelque pays que ce soit. Et aussi, sur le plan du prestige diplomatique, on s’évitera le camouflet de voir le chef de l’Etat sénégalais faire de l’avion-stop pour se rendre ou revenir de l’étranger. Déjà en son temps, Senghor ne l’acceptait pas et aucun de ses successeurs n’a eu à le faire. Que l’on l’aime ou pas, Macky Sall ne devrait pas être le premier à s’y soumettre.
Concernant la «Pointe Sarène», au vu de son état, on peut estimer qu’il a été suffisamment amorti. Proposé à la vente, un premier candidat avait accepté de payer 9 millions d’euros (un peu plus de 5 milliards de Cfa), avant de se désister. Néanmoins, l’appareil a pu trouver preneur, mais pour 5 millions d’euros (un peu plus de 3 milliards de Cfa).

Forces aériennes et navales bien équipées et modernisées

Au vu des efforts fait pour équiper à neuf les Forces armées sénégalais, notamment l’Armée de l’air, en la dotant d’au moins 10 avions militaires neufs, sans compter un nombre important d’hélicoptères, et alors que les forces navales sénégalaises ne sont plus obligées de recourir aux avions de surveillance de la Marine française, parce qu’elles sont bien dotées, pourrait-on comprendre que le Commandant en chef des Armées circule dans un «car rapide volant» ?
Les ambitions de Macky Sall pour les infrastructures sont visibles, quand on voit les efforts opérés par la compagnie Air Sénégal Sa dans l’acquisition d’appareils neufs. En vérité, c’est la première fois que l’on voit, en Afrique au sud du Sahara, une compagnie de moins de 5 ans d’existence dotée d’autant d’aéronefs flambant neufs. Au point que l’on peut affirmer que dans la partie occidentale et centrale de l’Afrique, aucune compagnie ne peut tenir la comparaison.

(LEQUOTIDIEN)

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