La secrétaire générale du Parti socialiste unifié (PSU), Mme Nabila Mounib a vivement appelé les institutions financières internationales à annuler les dettes des pays pauvres ou en développement, en proie à une crise économique sans précédent à cause du Covid-19.
« J’ai appelé à ce qu’il y ait une mobilisation pour demander l’annulation des dettes pour les pays pauvres et ceux en développement, pendant cette période où tout le monde s’affaire pour essayer de limiter les effets néfastes de l’épidémie du coronavirus », a soutenu Mme Mounib dans une interview exclusive à APA.
Pour Mme Mounib, également membre du Secrétariat générale de la Fédération de la Gauche Démocratique (FGD), la recette n’est pas aussi magique qu’on pourrait le croire. « Au moins les taux d’intérêt ne soient pas payés », a-t-elle proposé, expliquant que cet allègement financier pour ces pays leur permettrait d’avoir de la liquidité pour parer au plus urgent, c’est-à-dire se procurer les produits dont ils ont besoin pour enrayer la propagation du Covid-19, notamment les moyens de protection, les combinaisons pour les médecins et le personnel soignant, les appareils de respirations et autres ».
Selon elle, cette demande qui ne date pas d’aujourd’hui a été proposée à « maintes reprises par des pays en voie de développement ainsi que par les partis de gauche », déplorant les orientations imposées par les institutions financières internationales notamment dans les domaines de l’enseignement et de la santé.
« Aujourd’hui, ce néolibéralisme sauvage a atteint des limites de cupidité incroyable avec la protection de firmes pharmaceutiques notamment qui fabriquent les médicaments et les vendent à des prix exorbitants », a relevé Mme Mounib, qui fait également fonction de professeur d’endocrinologie à l’Université Hassan II à Casablanca.
Et la leader socialiste de plaider pour une mobilisation « non pas uniquement nationale mais au niveau des pays africains, qui sont au bord du gouffre, pour que les institutions financières offrent plus de moyens à ces pays afin qu’ils sortent de cette situation de crise, que le monde n’a jamais connue et de sauver leurs économies.
Aujourd’hui, il est temps de remettre les pendules à l’heure et de réfléchir tous ensemble sur un nouveau monde plus « juste » où on pourrait peut être espérer le partage « des richesses et le respect de la dignité humaine », a-t-elle formé le vœu.
Interrogée sur la situation des immigrés subsahariens établis au Maroc dans le contexte de la crise sanitaire liée par le Coronavirus, Mme Mounib n’a pas caché ses craintes pour toute la population au Maroc que soit locale ou les migrants subsahariens. « Je crains fortement qu’il ait une forte contagion parmi cette population qui, souvent, est logée dans des conditions précaires et ne peut pas se permettre le luxe du confinement, c’est-à-dire avoir les moyens de rester confiner », a-t-elle souligné.
C’est pour cette raison, elle a appelé à un élan de solidarité marocaine à la fois étatique ou de la société civile, pour prendre en main toutes les personnes vulnérables.
« Je pense que la situation des subsahariens les mets dans cette situation de vulnérabilité en même temps que les 10 millions de Marocains qui souffrent de pauvreté et qui n’ont pas suffisamment de moyens de subsistance », a enchaîné Mme Mounib, connue par son franc-parler et son combat politique.
Pour elle, le temps de compter sur les Européens ou autres est révolu. « On a vu le manque de solidarité avec l’Italie et ça nous permet de comprendre que nous avons raison de dire que ce monde est injuste et doit être réfléchi à l’échelle planétaire. Et cette réflexion doit partir du local ».
« On doit innover, tout le monde a un cerveau avec des milliards de neurones. C’est le tour peut être des Africains de réfléchir sur la méthode de sortir de cette crise et aider à résoudre cette problématique qui est aujourd’hui posée à l’échelle internationale », a-t-elle estimé.
Et de conclure que la communauté des migrants est bénéfique pour les pays d’accueil à bien d’égards. « Tous les pays savent que les vagues de migrants est une chance, du fait que cette catégorie de population permet un brassage génétique et culturel, une main d’œuvre et des cerveaux qui vont fonctionner », a fait savoir Mme Nabila Mounib.
Titulaire d’un doctorat en endocrinologie délivré par l’Université de Montpellier, Mme Nabila Mounib est la première femme marocaine à occuper le poste de secrétaire générale d’un parti politique, qu’elle gère depuis le 16 janvier 2012.
Icône de la gauche, elle a milité dans les rangs de la jeunesse démocratique, ainsi qu’au sein de l’organisation de la liberté de la presse et de l’Organisation de l’Action Démocratique et Populaire (OADP) qui a fusionné avec d’autres formations de gauche, au sein du Parti Socialiste Unifié, qu’elle dirige aujourd’hui.
(APA)