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Secteur agroalimentaire : Le Sénégal tarde à respecter 10% fixés à Maputo

Le financement du secteur de l’agroalimentaire demeure un réel problème pour les Etats africains, si l’on se fie au dernier rapport de l’Afao sur les «dépenses publiques pour l’alimentation et l’agriculture en Afrique subsaharienne». En effet, sur 13 pays d’Afrique subsaharienne, seul le Malawi parvient à respecter les 10% fixés lors du sommet de Maputo sur l’agroalimentaire. un sous-financement qui, d’après le rapport, constitue un goulot d’étranglement pour le secteur

Même si le Sénégal a réussi à faire une bonne campagne agricole, il n’en demeure pas moins que le problème de financement du secteur de l’agroalimentaire se pose avec acuité pour les pays d’Afrique subsaharienne. Selon un rapport de l’Afao intitulé «dépenses publiques pour l’alimentation et l’agriculture en Afrique subsaharienne», il y a un grand écart entre les engagements politiques de longue date et la réalité financière dans les 13 pays d’Afrique subsaharienne dont le Sénégal.

En effet, réunis à Maputo au Mozambique en 2003 puis à Malabo en Guinée Equatoriale en 2014, les Etats membres de l’Union africaine se sont engagés à consacrer 10% de leurs budgets nationaux à l’alimentation et à l’agriculture, dans le but d’alimenter la croissance sociale et économique. Une promesse qui tarde toujours à être respectée, si l’on se fie aux résultats du rapport. Ce qui pousse le directeur général de l’Afao à inviter les pays d’Afrique subsaharienne à débloquer «les goulots d’étranglement qui freinent le potentiel en renforçant la coordination et en améliorant les capacités humaines dans les nations africaines. «Il faut débloquer les fonds et rationaliser les systèmes financiers publics, afin que les rares ressources dont nous disposons ne restent pas inutilisées», indique M. QU Dongyu. Il révèle que parmi les pays étudiés par le Programme de suivi et d’analyse des politiques alimentaires et agricoles (Mafap), initiative de la Fao ayant pour mission de suivre les dépenses publiques en Afrique, «seul le Malawi a toujours atteint l’objectif de 10% et le Mali l’a atteint certaines années».

Par contre, «11 autres pays dont le Bénin, le Burkina Faso, le Burundi, l’Éthiopie, le Ghana, le Kenya, le Mozambique, le Rwanda, le Sénégal, la Tanzanie et l’Ouganda n’y sont pas parvenus», se désole M. QU Dongyu. Dans certains cas, rappelle-t-il, l’alimentation et l‘agriculture ne reçoivent que 3%, ou à peine plus, du budget national. En outre, le rapport indique qu’en moyenne, sur les quelques fonds disponibles pour le développement de l’alimentation et de l’agriculture, plus d’un cinquième n’est pas dépensé en raison de capacités de mise en œuvre insuffisantes. Dès lors, ledit rapport «suggère que l’agriculture soit implicitement pénalisée». Abondant dans le même sens, le directeur adjoint de la Division de l’économie agroalimentaire de la Fao a souligné que « l’efficacité technique dans l’agriculture augmente considérablement lorsque les dépenses approchent 80 dollars par habitant, après quoi elle commence à diminuer ». Mais il ajoute que la plupart des pays africains sont loin d’atteindre ce montant.

De l’avis de Marco V. Sánchez, il existait une « marge de manœuvre budgétaire étroite » pour accroître les investissements publics en Afrique, surtout dans un contexte de pandémie de Covid-19. Par ailleurs, il a fait remarquer que même lorsqu’il était impossible de dépenser plus d’argent, il restait possible de le dépenser mieux et de générer des gains d’efficacité.

«L’ALIMENTATION ET L’AGRICULTURE NE SONT PAS SEULEMENT L’AFFAIRE DES MINISTERES DE L’AGRICULTURE»

En outre, Leonard Mizzi, membre de la Commission européenne, est d’avis qu’il faut mettre l’accent sur le dialogue interministériel. Convaincue que «l‘alimentation et l’agriculture ne sont pas seulement l’affaire des ministères de l’Agriculture», Léonard Mizzi déclare que « le statu quo nous enverra droit dans le mur», faisant écho à l’appel général en faveur d’approches transformatrices de la sécurité alimentaire en Afrique. En effet, selon toujours le rapport, la plus grande partie des dépenses nationales consacrées à l’alimentation et à l’agriculture en Afrique sert à subventionner les intrants (engrais, outils, etc.). Ce qui contribue à améliorer la baisse constante des rendements décroissants au fil du temps.

(L’AS)

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