Sous l’impulsion du Roi Mohammed VI, le Royaume Chérifien déploie une stratégie offensive de lutte contre la pandémie du COVID-19.
Outre le confinement ordonné le 12 mars, les mesures de sauvegarde de l’économie – à travers notamment la mise en place d’un fonds de 3 milliards d’euro- et un mécanisme d’aide directe aux populations affectées par la perte d’activité, le pays a également mobilisé son tissu industriel en réorientant les usines vers la production de masques de protection, de gel hydro-alcoolique ou encore d’équipements médicaux incluant combinaisons, casaques, charlottes, sur-chaussures.
L’innovation n’est pas en reste, puisque le pays a également produit son propre respirateur artificiel en combinant les forces des industriels de l’aéronautique et les scientifiques de ses universités.
En prenant les devants et en appliquant le principe de précaution maximum, la stratégie poursuivie par le monarque de 56 ans semble porter ses fruits, puisque le pays ne compte, à date, qu’un peu plus d’un millier de cas atteints par le virus.
Le tissu industriel marocain en ordre de bataille : plus de 3 millions de masques produits par jour
Pour éviter la pénurie en matériel sanitaire, le pays s’est lancé le défi de produire localement ses propres équipements et a réussi en quelques semaines à atteindre une production quotidienne de plus 3 millions de masques.
Le 7 avril, le pays où le confinement est en vigueur depuis près de 3 semaines, a instauré le port du masque obligatoire dans les espaces publics, comme mesure préventive pour limiter la propagation du virus. Le Royaume commence même à « explorer la possibilité d’exporter son excédent vers des pays européens », a souligné le ministre marocain de l’Industrie et du commerce, Moulay Hafid Elalamy.
Pour garantir l’accessibilité et éviter la spéculation, ces bavettes de protection sont désormais distribuées dans l’ensemble des 70 000 commerces de proximité et grandes surfaces du territoire, à un prix plafonné à 80 centimes de dirhams l’unité (environ 7 centimes d’euros), grâce aux subventions apportées par le fonds spécial de lutte contre le COVID-19, initié par le souverain.
Coté logistique, la distribution des masques a été confiée à trois groupes de distribution disposant du maillage le plus étendu, pour couvrir rapidement l’ensemble du territoire.
Dans la même lignée, une importante unité de fabrication d’éthanol, d’une capacité de production de 24 000 litres/jour, ravagée par un incendie en 2018, a été remise en marche en une semaine. L’usine basée à Kénitra vient renforcer la production nationale en alcool éthylique, nécessaire à la fabrication de produits désinfectants, notamment de gels antiseptiques.
Fabrication de 500 respirateurs 100% marocains, une bouffée d’oxygène
Pour augmenter son taux d’équipement, le Maroc a également misé sur ses compétences et met à contribution chercheurs, ingénieurs, médecins et industriels nationaux pour développer le premier respirateur artificiel 100% marocain, dévoilé aux médias fin de semaine dernière.
Fabriqué à base de composants disponibles au Maroc, dont plusieurs éléments empruntés aux moteurs d’avions d’Airbus ou Boeing, cet outil constitue un atout considérable pour équiper les unités médicales dédiées à la lutte contre le COVID 19. 500 respirateurs devaient ainsi être fabriqués au cours des deux prochaines semaines.
Une équipe d’une vingtaine de chercheurs de l’Université Mohammed 6 Polytechnique, de l’Institut National des Postes et Télécommunications (INPT), du Centre Marocain des Sciences, de l’Innovation et de la Recherche (MASCIR), affilié MIT, ainsi que des médecins et experts du Groupement des Industries marocaines aéronautiques et spatiales (GIMAS), ont notamment contribué à la réalisation d’un prototype affichant une autonomie de 3.000 heures.
Destiné aux patients atteints de coronavirus en détresse respiratoire, « le respirateur marocain phase 1, permettrait ainsi de libérer de la disponibilité de respirateurs plus complexes pour la réanimation et devrait remplacer les insufflateurs manuels qui mobilisent actuellement 1 aide-soignant » comme le souligne un communiqué officiel.
Une deuxième génération qui intégrera un monitoring plus avancé est également en cours de développement. Fabriquée à plus faible volume, cette version sera dotée de capteurs et permettra aux soignants d’envoyer l’oxygène de façon plus technique en plus d’apporter de la ventilation.
Un alignement des intérêts
Moins touché par le virus que ses voisins Espagnols et Algériens, le pays qui compte actuellement 1275 cas de coronavirus dont 93 morts et 97 en rémission, a enchaîné les mesures préventives fortes, sur instructions du souverain. En moins d’un mois, le royaume a instauré le confinement strict, déployé les forces armées en soutien, a installé plusieurs hôpitaux de campagne et doublé sa capacité de lits de réanimation, en passant de 1640 à près de 3000 lits équipés.
Après les attroupements dans les supermarchés à la suite de l’annonce du confinement, les marocains semblent peu à peu s’habituer aux mesures prises. Sur les réseaux sociaux, les marocains félicitent également les autorités pour leurs efforts, en partageant des vidéos d’agents d’autorité sillonnant les rues pour sensibiliser la population.
Autre mesure ayant contribué à rassurer les citoyens, l’adoption de la Chloroquine dans les protocoles thérapeutiques de l’ensemble des malades de COVID-19. Alors que son usage fait encore l’objet d’études, les autorités marocaines réquisitionnent le stock de Chloroquine, produit à Casablanca par la filiale marocaine du groupe français Sanofi et ont annoncé son adoption dès le 23 mars dernier, dans le protocole de traitement des malades atteints de coronavirus dans le pays.
Parallèlement, les initiatives innovantes pour se joindre à l’effort national se multiplient partout dans le royaume, où plusieurs milliers de masques en plastiques, visières de protection ou encore filtres et protections ont étaient fabriquées et mis à la disposition du personnel médical.
Ecofin