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Hamady Dieng, Dg de l’Acbep: «Notre ambition est de construire 300 bâtiments publics au cours de cette décennie»

Après dix ans d’existence, l’Agence de la construction des bâtiments et édifices publics se fixe un nouveau cap : celui de construire de 300 bâtiments entre 2021 et 2031. Son nouveau Directeur général, Hamady Dieng, dévoile cette nouvelle feuille de route dans cet entretien.

Après une décennie d’existence de l’Agence de la construction des bâtiments et des édifices publics, y a-t-il  un besoin d’étendre son champ d’intervention ?

En 2011, lorsque le besoin de la mise en place de cette structure s’est fait sentir, l’État n’avait rien négligé, tout a été pris en charge. Le secteur de la construction exige de la technicité et de la science. Il est nécessaire d’avoir une expertise à chaque étape, aussi bien dans la réalisation de la structure du bâtiment, son environnement, dans sa conception etc. Après dix ans d’existence, nous ne demandons pas l’extension des missions de l’Agence, mais nous souhaitons poursuivre l’œuvre en ayant la charge de la construction des bâtiments pour tous les Ministères et toutes les institutions. Nous sommes le bras technique de l’État, une agence d’exécution. Nous accompagnons et conseillons l’État dans la conception, la conduite des travaux et dans l’étude de l’impact environnemental.

Comment l’agence assure-t-elle le suivi et le contrôle des chantiers qu’elle gère ?

À la création, nous avions  hérité des missions de la Direction générale de la construction qui était logée au Ministère de l’Urbanisme. Cette agence a une autonomie administrative et financière,  avec plus de  liberté dans le recrutement des ressources humaines. L’un des objectifs est d’impulser un renouveau en faisant respecter les délais d’exécution des travaux tout en respectant les critères et rigueur en matière de construction. Ces deux aspects  garantissent une certaine efficience et une efficacité dans la gestion des moyens financiers. Il faut aussi noter la contribution importante du maître d’œuvre, c’est-à-dire de l’architecte, mais aussi du bureau de contrôle qui assure, valide et régule les lots techniques.  C’est aussi le bureau de contrôle qui délivre ce que nous appelons la garantie décennale.

Ces trois intervenants sur la chaîne assurent le suivi avec un schéma stratégique bien déterminé. Pour la région de Dakar, le suivi se fait au quotidien, par contre, dans sa périphérie, le contrôle se fait de manière hebdomadaire. Dans les régions, le contrôle se fait toutes les deux semaines avec le soutien des services de l’urbanisme.

 Aujourd’hui, certains acteurs de l’enseignement supérieur souhaitent que le critère du moins-disant ne soit plus déterminant dans la sélection des entreprises de Btp et qu’il faut plutôt sa capacité financière et technique. Quel est votre point de vue sur cette question ?

Mon  point de vue épouse l’idée émise par ceux et celles qui soutiennent cette position.  Le moins-disant n’est pas une valeur sûre parce qu’il y a énormément de combines et de fausses manœuvres, en sautant des rubriques ou des erreurs de calcul pour arriver à une offre moins chère. Lorsqu’il y a un avenant, il y a des doutes sur la crédibilité. Il y a une structure de contrôle qui était chargée de ce travail de présélection des entreprises. Ses activités étaient suspendues. Mais elle reprendra bientôt service. Le mieux-disant prend en compte plusieurs facteurs. Avant de commencer un ouvrage, l’architecte fait ce qu’on appelle le devis confidentiel qui détermine qui fait quoi, avec quoi à la Direction générale des marchés.

Pouvons-nous avoir une idée du nombre de projets réalisés par l’agence depuis sa création ?

L’agence a hérité des passifs de 102 projets de la Direction générale de la construction. Il s’agissait des projets  à poursuivre, à réévaluer pour les remettre aux maîtres d’ouvrage. À côté, il y avait un lot de projets dont elle ne pouvait parachever la construction à cause des contraintes qui n’étaient pas levées. Entre 2011 et 2012, avec les projets à reprendre, en  plus des projets du Président de la République, nous avons eu 100 projets. À l’état actuel, 75 projets ont été  livrés. Parmi ces derniers, on peut citer le siège de l’Agence nationale de la statistique et de la démographique (Ansd), les universités de Bambey, de Saint-Louis, de Ziguinchor, dans le Projet de gouvernance et de financement de l’enseignement supérieur (Pgufsup) financé par  l’Association internationale de développement (Ida) et le Budget consolidé d’investissement (Bci). C’est un projet axé sur le résultat. En collaboration avec la Banque mondiale, nous sommes en train de tourner un film institutionnel pour mieux faire connaître l’agence dont les rôles sont parfois confondus avec ceux d’autres structures. Lorsque j’ai pris fonction, nous avions 25 projets qui étaient en souffrance. Nous avons remis les 13 aux maîtres d’ouvrage pour alléger notre portefeuille. Actuellement, 12 sont en cours d’exécution et seront bientôt livrés. Le Président de la République a inauguré l’Institut d’enseignement supérieur professionnel (Isep) de Thiès d’un coût de 7 milliards de FCfa. La construction du bâtiment de la Cour des comptes, d’un coût de 10 milliards de FCfa sera achevée et le chantier sera livré prochainement. Le lycée de Sandiara sera réceptionné en décembre. Suivront les lycées techniques de Kolda et de Tambacounda.

Quelles sont vos principales contraintes ?

 Nous avons un déficit de personnel technique. L’agence n’a que 15 ingénieurs et environ 30 techniciens supérieurs. Face à ces contraintes, nous sommes en train de nous organiser pour être efficients. Nous avons un parc automobile vieillissant qui date de 2016. Je suis particulièrement peiné quand je suis dans l’obligation d’envoyer un agent faire un contrôle dans une certaine insécurité. D’ailleurs, nous avons bénéficié d’une dérogation spéciale de la Présidence de la République pour l’acquisition de nouveaux véhicules. Seulement, on nous a opposé le fait qu’une autorisation avait moins de valeur qu’un décret d’interdiction. Il nous faut alors un décret pour bénéficier d’une situation d’exception.

Sur quels chantiers l’agence travaillera pour les prochaines années ?

L’État a réellement besoin de cette agence parce que la dispersion des constructions pose problème. Dans certains Ministères, les directions de l’administration générale et de l’équipement (Dage) veulent s’occuper des constructions. L’Agence reste un interlocuteur ouvert à tous les niveaux. Les gens doivent construire pour la postérité, c’est l’essence même du projet du Président qui s’appelle « Euleuk » (Demain). Notre objectif entre 2021 et 2032 est de mettre en œuvre 30 projets de qualité par an, ce qui fait un total de 300 projets en 10 ans. Dans le Plan Sénégal émergent (Pse), il est possible d’améliorer la situation du bâtiment dans notre pays et de prévenir les risques d’effondrement des bâtiments vieillissants.

(LESOLEIL)

 

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