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Foire aux technologies de l’Afrique de l’Ouest : Une plateforme pour attirer le privé vers la transformation agricole

En Afrique, le secteur privé reste un levier ‘’insuffisamment activé’’ pour la fabrication et la démocratisation des technologies pour le développement agricole. Le constat a été fait hier, par le directeur exécutif du Conseil de l’Afrique de l’Ouest et du Centre pour la recherche et le développement agricoles (Coraf), Abdou Tenkouano, lors de la cérémonie d’ouverture de la 1re Foire aux technologies de l’Afrique de l’Ouest.

Dakar abrite depuis hier, et cela jusqu’au 29 octobre prochain, la 1re Foire aux technologies de l’Afrique de l’Ouest vers la transformation agricole. Initiée par le Conseil de l’Afrique de l’Ouest et du Centre pour la recherche et le développement agricoles (Coraf) et les Technologies pour la transformation agricole africaine (TAAT), cette rencontre vise à exposer les différentes innovations technologiques existantes en Afrique. Ceci pour attirer notamment le secteur privé.

‘’La massification de la mise à disposition des technologies pour qu’elles puissent impacter effectivement notre façon de faire de l’agriculture pose problème. Cette massification ne peut pas se faire sans l’implication effective des acteurs du secteur privé, ce levier insuffisamment activé pour la fabrication et la démocratisation des technologies. Le Coraf se propose d’apporter sa contribution en activant ce maillon’’, a dit le directeur exécutif du Coraf, Abdou Tenkouano, lors de la cérémonie officielle d’ouverture de la 1re Foire aux technologies de l’Afrique de l’Ouest.

D’après M. Tenkouano, à travers cette foire, le Coraf veut aussi amener les pays africains à changer leur manière de faire de l’agriculture. ‘’On parle de changements climatiques qui rétrécissent de plus en plus les espaces sur lesquels nous pourrons déployer nos efforts. Il y a moins d’eau. Il nous faut des variétés de cycles très courts qui produisent très rapidement. Nous avons aussi une population agricole rurale qui devient de plus en plus vieillissante. Donc, il faut trouver des solutions pour que le travail soit moins pénible, plus rapide, afin d’augmenter la production. On est très optimiste et nous pensons renverser la tendance en 2025’’, dit-il.

Cette foire technologique a aussi pour but, poursuit pour sa part le chef de la Division recherche agricole, production et durabilité à la Banque africaine de développement (Bad), de présenter des technologies du Programme intègre pour le développement de l’agriculture en Afrique (Caadp) et celles des centres de spécialisation des technologies du Coraf et d’autres partenaires. ‘’Elle servira de plateforme pour mettre ces technologies et produits sur le marché et de créer une situation où la demande et l’offre se rencontreront. Le secteur privé occupe une place prépondérante dans la mise à l’échelle et la commercialisation des technologies agricoles. Cependant, force est de constater que la collaboration entre les développeurs de technologies et le secteur privé demeure faible. Cette foire est le premier pas pour l’établissement d’une collaboration solide entre le secteur privé pour le développement, l’évaluation et la mise à l’échelle des technologies agricoles. Elle contribuera également à l’intégration des technologies dans les programmes agricoles nationaux, en vue de promouvoir le développement durable du secteur agricole, de soutenir le développement socio-économique de nos pays’’, insiste Garba Lawaly.

D’après le représentant de la Bad, l’Afrique peut nourrir l’Afrique et devenir l’un des ‘’futurs grands contributeurs’’ de la sécurité alimentaire mondiale, avec l’agencement des technologies adaptées, des infrastructures et des politiques agricoles. ‘’Pour nourrir l’Afrique, ces technologies doivent être mises à l’échelle. Le développement de ces technologies requiert des investissements très importants. A ce sujet, la Bad et le Fonds international du développement agricole (Fida) ont organisé un dialogue sur le sujet, en avril dernier. Cela a permis la mise en place d’un outil de financement pour le développement agricole en Afrique. La Bad compte opérationnaliser ce chantier. Depuis 2016, nous avions une ambition : c’est d’être capable d’investir au moins chaque année 2,4 milliards de dollars dans l’agriculture en Afrique. Mais les besoins sont au-delà’’, reconnait Lawaly.

L’importation des denrées atteindra 110 milliards de dollars d’ici 2025

Aujourd’hui, selon le représentant de l’Institut international d’agriculture tropicale (IITA), Alfred Dixon, il urge pour l’Afrique, de gagner le pari de la sécurité alimentaire. ‘’L’Afrique dépense près de 35 milliards de dollars chaque année pour l’importation des denrées. Le danger, c’est que si nous ne faisons rien, l’importation des denrées atteindra 110 milliards de dollars d’ici 2025. Si cela arrive, le commerce interafricain aura des difficultés. Nous allons ainsi exporter des emplois et importer la pauvreté. Le chômage va augmenter. L’insécurité alimentaire va continuer de se répandre sur le continent. La bonne nouvelle, c’est que les innovations technologiques existent ici en Afrique, beaucoup plus en Asie au moment où ils menaient la révolution verte’’, indique-t-il.

Pour M. Dixon, il est aussi primordial de promouvoir l’implication des jeunes et des femmes dans l’agri-business.

S’ils veulent une rupture par rapport aux rencontres précédentes, le conseiller technique au ministère de l’Agriculture et de l’Equipement rural du Sénégal a soutenu qu’ils doivent penser la pauvreté comme un phénomène ‘’multidimensionnel’’. ‘’C’est dans ce sens que les différentes technologies développées en Afrique et dans le reste du monde pourraient faire l’objet de captage et de capitalisation pour éclairer le chemin de nos futurs combats contre la faim. Cependant, nos technologies agricoles et de développement rural devraient constituer le fer de lance de ce long combat. Des efforts soutenus doivent être faits pour renverser la tendance du faible niveau des dépenses publiques dans les budgets nationaux. Et aussi la baisse constante de l’aide publique dans la recherche, l’innovation et le développement des technologies dans l’agriculture’’, estime Mamadou Lamine Dia.

En réalité, signale la représentante de la Commission de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), le monde est confronté à de nombreuses incertitudes qui sont en fait les défis majeurs à relever pour l’Afrique dont l’avènement de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf). ‘’’Le secteur agricole occupe plus de 70 % de la population active en Afrique d’une manière générale, mais les retombées sont faibles. C’est ainsi qu’au niveau de la Commission de l’UEMOA, certaines initiatives méritent d’être relevées, notamment l’initiative relative au Projet régional de production vivrière qui avait pour ambition de mettre en relation les principales productions agricoles, les filières prioritaires avec les technologies de l’information et de communication, et aussi avec des initiatives commerciales. Ceci, afin de favoriser l’insertion de l’agriculture dans le développement économique de la zone UEMOA. Cette expérience pourrait être élargie à l’Afrique toute entière, face à l’opérationnalisation de la Zone de libre-échange continentale’’, explique Aïssa Kabo Cissokho.

Ainsi, elle trouve que cette foire est une ‘’convergence’’ de l’offre et de la demande, afin de booster l’économie africaine, l’agriculture et d’en faire un secteur résilient et surtout le moteur principal devant alimenter les autres secteurs économiques. Ceci pour une ‘’amélioration significative’’ du développement des pays africains et surtout une ouverture sur le marché mondial.

(ENQUETE)

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