A la UneEducation & SantéFinances publiquesInternationaleManagement & Stratégie

Coronavirus : L’explosion de l’extrême pauvreté menace les pays émergents

Les travailleurs du secteur informel sont particulièrement fragilisés. Plusieurs pays ont annoncé la création de fonds spéciaux ou de comités pour leur venir en aide.

En Inde, l’arrêt brutal de l’activité économique qui a coïncidé avec le confinement général visant à endiguer la pandémie de Covid-19, fin mars, a provoqué un exode urbain massif. Des centaines de milliers de migrants tombés au chômage n’ont plus les moyens de vivre en ville, sans argent de côté ni aide financière de l’Etat. Ils sont partis à pied, prêts à parcourir des centaines de kilomètres pour rejoindre leurs villages et profiter de la solidarité de leur famille ou de leur communauté.

La crise ne les épargnera pas. Selon l’Organisation internationale du travail, près de 60 % de ceux qui travaillent dans le monde appartiennent au secteur informel. Autrement dit, deux milliards de personnes exercent une activité sans protection sociale ni contrat. Rien qu’en Asie, la Banque mondiale estime que la pandémie va accroître le nombre de pauvres de 11 millions.

Alors que la planète se dirige vers l’une des pires crises économiques depuis la seconde guerre mondiale, le Fonds monétaire international (FMI) a rappelé, le 16 mars, que tous les pays devaient « accorder une aide considérable aux personnes et aux entreprises les plus touchées, y compris dans les secteurs informels les plus difficiles d’accès. »

Plusieurs pays, comme l’Egypte ou le Maroc, ont annoncé la création de fonds spéciaux ou de comités pour venir en aide à ces derniers. En Argentine, le gouvernement leur a promis des allocations de 151 dollars (environ 140 euros) et a gelé les prix de plusieurs milliers de produits de première nécessité. Le Pérou a également promis de verser 108 dollars aux foyers les plus pauvres.

Filets sociaux de sécurité quasiment absents

Avec un secteur privé presque à l’arrêt, la puissance publique joue un rôle clé pour combattre la pauvreté, d’autant que les transferts d’argent issus de la diaspora de l’étranger se sont taris. Mais comment l’Etat peut-il venir en aide aux plus vulnérables dans des pays qui, comme en Afrique, n’ont pas la capacité administrative de le faire et où les filets sociaux de sécurité sont quasiment absents ?

« L’Etat a des capacités réduites, surtout pour ceux qui habitent loin des villes, reconnaît W. Gyude Moore, ancien ministre des travaux publics au Liberia et chercheur au Center for Global Development, un centre de réflexion sis à Washington, mais il peut s’appuyer sur les communautés locales et les ONG. »

Le secteur informel est structuré autour d’associations ou de communautés qui pourraient servir de relais aux gouvernements. W. Gyude Moore cite l’exemple des organismes de microcrédit, qui peuvent recevoir l’aide de l’Etat pour accorder aux petites entreprises des reports d’échéances, ou procéder à la distribution de coupons servant à payer les factures d’électricité.

(Le Monde)

Dans la même rubrique

Laissez un commentaire

Ce site Web utilise des cookies pour améliorer votre expérience. Nous supposerons que cela vous convient, mais vous pouvez vous désinscrire si vous le souhaitez. Accepter En savoir plus