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Conséquences annuelles d’une contamination : 62 milliards perdus du fait de l’aflatoxine

Il y a une exposition alimentaire liée à l’aflatoxine dans le Bassin arachidier ou dans les zones à forte consommation d’arachide, selon les résultats d’une étude menée par le Centre anti poison de l’hôpital Fann. La même source révèle que le Sénégal perd chaque année 62 milliards de francs Cfa du fait de la contamination des aliments par l’aflatoxine. Cette dernière est à l’origine du cancer du foie, du retard de croissance des enfants.

 La problématique des aflatoxines constitue une priorité nationale en raison des enjeux économiques et sanitaires, avec la forte production et l’autoconsommation qui est la matrice alimentaire la plus contaminée par ces mycotoxines en Afrique subsaharienne. Une étude menée par le Centre anti poison, sur l’impact économique de ces aflatoxines, révèle que 62 milliards de francs Cfa sont perdus chaque années au Sénégal du fait de la contamination des aliments par l’aflatoxine. Selon ce centre logé à l’hôpital Fann, il n’y a pas que la production agricole comme conséquence de la contamination des aliments par ces mycotoxines. «Il y a aussi les impacts liés à la santé qui coûtent très cher», affirme Nar Diène, toxicologue environnemental au Centre anti poison de l’hôpital Fann.
En effet, il suffit qu’une personne sensible soit en contact avec l’aflatoxine pour déclencher une maladie telle que le cancer du foie, un retard de croissance chez les enfants…
«Grâce à une étude menée par le Centre anti poison au niveau du Bassin arachidier, on a pu trouver des cancers primitifs du foie de jeunes de moins de 15 ans», confie M. Diène, par ailleurs coordonnateur du Comité sur les contaminants d’origines environnementale et biologique. Selon lui, «il y a une exposition alimentaire liée à cette aflatoxine dans le bassin arachidier ou dans les zones où il y a une forte consommation d’arachide ou de produits susceptibles d’être contaminés par l’aflatoxine». Hormis, l’arachide, le maïs est un contributeur majeur par rapport à l’aflatoxine.
Cependant, comme c’est le cas pour beaucoup de secteurs, la faiblesse de données scientifiques ne permet pas d’évaluer la contamination de l’arachide dans les différentes zones agro-écologiques (ou au niveau de certaines régions à haut risque).
Pour une disponibilité de données scientifiques, l‘Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (Fao) a accompagné les autorités sénégalaises afin de générer des données scientifiques pour l’établissement de limites maximales autorisées dans la teneur en aflatoxine dans les arachides «prêtes à être consommées».
Ce projet de génération de données a permis d’élaborer un guide de bonnes pratiques à partir du code d’usage.
La mise en œuvre du projet a permis de générer des données et résultats qui ont été partagés avec les acteurs, à l’atelier bimodal tenu hier.
Selon les résultats de cette étude, les pratiques agricoles classiques utilisées par la majeure partie des paysans sont moins exigeantes, moins coûteuses et plus accessibles. Toutefois, elles présentent beaucoup plus de risques de contamination des arachides par les aflatoxines.
La contamination aflatoxinique est hétérogène mais l’étude révèle que la zone de Tambacounda a moins de contamination par rapport à l’aflatoxine, suivie de la Haute Casamance. «L’arachide utilisée là-bas est beaucoup plus résistante par rapport à l’aflatoxine, mais il y a aussi les conditions qui font qu’il y a moins d’infestations par rapport aux insectes, les attaques et moins d’infestations par rapport aux champignons», a dit M. Diène.
L’étude, qui a été menée dans le Bassin arachidier, le Sénégal Oriental et la Haute Casa­mance, a aussi montré que la contamination commence par le sol. «Même si vous avez des graines, si vous les semez, elles seront contaminées», confirme Mody Guèye, expert en protection des végétaux, ancien chef du laboratoire phytopathologie de la Direction des végétaux.

(LEQUOTIDIEN)

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