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Changement climatique : l’Afrique « doit s’adapter aux problèmes créés par les autres » (Akinwumi Adesina)

Faible pollueuse, l’Afrique est en première ligne des conséquences du réchauffement climatique. Malheureusement, ses efforts pour lutter contre ce fléau se heurtent au manque de solidarité des pays riches. Ce qui semble également se constater dans le cadre de la lutte contre la covid-19.

Dans une interview accordée au média français Le Point, Akinwumi Adesina (photo), président de la Banque africaine de développement (BAD) s’est exprimé sur divers sujets en rapport avec l’économie africaine, notamment celui du changement climatique. Selon le responsable, même si le continent est plus victime que coupable de ce problème, il doit s’adapter pour contribuer à sa résolution.

« A la Banque africaine de développement, on estime que la chose la plus importante pour l’Afrique, c’est l’adaptation. Ce n’est pas nous qui avons créé le problème, mais il faut quand même s’adapter aux problèmes créés par les autres », a indiqué Akinwumi Adesina.

Bien que le continent émette moins de 4% de l’ensemble des gaz à effet de serre, il subit ses effets de façon intense, et sa productivité s’en voit impactée ; une injustice constamment dénoncée par ses pays. Ainsi, selon la BAD, ces effets qui se manifestent par des inondations, des sécheresses, ou des cyclones font perdre à l’Afrique entre 7 et 8 milliards de dollars par an.

Pour faire face à cette situation, le président de la BAD indique que son institution envisage de mobiliser 25 milliards $ pour accélérer l’adaptation climatique des pays africains, d’ici 2025. Des ressources qui ne suffiront sans doute pas à régler une situation pour laquelle les pays développés avaient promis une aide financière de 100 milliards $ aux pays pauvres, lors de la COP 21 à Paris, sans que ces fonds n’aient jamais été décaissés.


Coronavirus : « l’Afrique n’a pas les vaccins qu’il faut »

Au-delà de la problématique liée au changement climatique, le responsable a également donné son avis sur d’autres sujets d’actualité. Alors que l’Afrique fait face à une pandémie de covid-19 qui a touché au moins 5,6 millions de personnes sur le continent pour au moins 146 468 morts, sa campagne de vaccination ne suit pas le rythme des échéances fixées par ses pays.

D’après les statistiques des centres africains de contrôle et de prévention des maladies, seulement un peu plus de 1% de la population africaine a été vaccinée, alors qu’on estime par exemple qu’au moins 300 millions de vaccinations ont déjà été réalisées au sein de l’Union européenne.

Pour M. Adesina, cette situation est fortement liée à un manque de solidarité des pays riches. « Nous avons fait vraiment tout notre possible pour réagir très vite, mais on se rend compte que seulement 1 % de la population africaine a été vaccinée parce que les pays développés ont acheté tous les vaccins. Nous sommes face à un nationalisme vaccinal. Les pays riches se sont occupés d’eux en se souciant peu des autres », a-t-il déclaré lors de l’entretien. Et d’ajouter : « il y a aussi que l’Afrique n’a pas les vaccins qu’il faut. Je pense que l’Afrique a été maltraitée par le système ».

De ce fait, il estime que le continent « doit produire ses propres vaccins. On ne peut pas laisser la vie de 1,2 milliard de personnes sur le côté. Nous avons pris la décision de soutenir à hauteur de 3 milliards de dollars l’Union africaine dans l’effort de production de vaccins, et avons aussi décidé d’investir pour le développement d’une industrie pharmaceutique africaine », a-t-il conclu.

(AGENCE ECOFIN)

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